Pour bien débuter la semaine on s'attaque à l'adaptation animée du manga de Santa Inoue : Tokyo Tribe 2.

Nom Original : Tokyo Tribe 2

Auteur : Santa Inoue

Années de production : 2006-2007

Catégorie : Seinen

Genre : Action, Drame

Studio : Madhouse Production

Durée : 13 épisodes de 22 minutes

Attention cet anime est réservé à un public âgé d'au moins douze ans du fait de scènes à caractère sexuel et de violence extrême.

A l'instar de Samurai Champloo Tokyo Tribe est un des symboles de l'incursion du hip-hop dans la culture nippone. Débuté en 1993 le manga de Santa Inoue, un mangaka né à Paris et passionné de hip-hop et de culture américaine, est parvenu à séduire un public certes restreint mais fidèle grâce à son univers coloré, sa violence exacerbée et son style US. One-shot bien calibré, il a suffisamment marqué pour que les fans répondent présents lors de la sortie de Tokyo Tribe 2 en 1998. Long de douze volumes le second manga de la licence a permis à l'univers de Inoue de décoller et de séduire le public de manière bien plus importante et même si Tokyo Tribe 3(2009-2012,5 volumes) a connu une forte baisse de popularité, il n'empêche qu'il reste encore un monument du manga "croisé". Par conséquent la deuxième partie de la longue fresque débutée par le mangaka a fini par débarquer dans le petit monde de l'animation(ne cherchez pas la première ni la troisième, elles n'existent pas). Et ce n'est ni plus ni moins que Madhouse Production qui a pris en charge le projet. Réalisé par Tatsuo Sato, l'anime est superbement fidèle au manga et mérite votre attention malgré de nombreux défauts. Si vous aimez les guerres de gangs, le hip-hop, l'action et les moments chocs vous devriez être séduits par Tokyo Tribe 2 et ses treize épisodes.

L'anime se déroule dans un Tokyo où la police est pratiquement absente. La justice y est rendue par des bandes armées sévissant chacune dans un quartier. Les affrontements sont nombreux et sanglants mais malgré tout une certaine harmonie règne. Tout du moins pendant un moment. En effet plusieurs membres des Musashino Saru se rendent dans le quartier de Bukuro, dirigé par les Wu-ronz, pour voir une prostituée très populaire. Le lendemain les trois hommes sont découverts pendus et égorgés en plein milieu de la rue. L'affrontement entre les deux gangs semble inévitable pourtant Terra, le chef des Saru cherche à calmer ses troupes. Aidé de Kai Deguchi, un jeune homme flemmard mais foncièrement sympathique, il essaye de comprendre ce qui a poussé à un tel acte. Si Mera, le chef impitoyable des Wu-ronz nie en bloc le meurtre des Saru, une ombre met tout en oeuvre pour déclencher une guerre meurtrière dans tout Tokyo. Anciens amis, Kai et Mera devront tantôt se battre tantôt collaborer pour démêler le vrai du faux et sauver la ville d'une menace inédite.

Remarquablement bien présentés, l'univers et l'histoire de Tokyo Tribe 2 ont de quoi séduire une bonne partie du public adolescent moyen. Chaque aspect du récit est rapidement et efficacement présenté de sorte qu'on ne soit jamais perdu et les personnages, peu charismatiques dans l'ensemble, sont toutefois facilement reconnaissables parmi le flot de protagonistes. L'anime repose donc sur de bonnes bases et est très lisible. Si l'histoire débute lentement cela vaut le coup d'attendre car elle est fun et dynamique et procure pas mal de sensations fortes au spectateur. L'aspect visuel est bien foutu et colle parfaitement à l'ambiance de même que la bande-son qui constitue indéniablement une force pour l'anime. Certaines scènes chocs ont également le mérite d'être marquantes et d'imposer l'univers de Tokyo Tribe au spectateur, un univers très original à l'opposé de ce que les concurrents ont pu faire.

Toutefois il serait hâtif d'ériger l'anime au rang de must see simplement après avoir vu le premier épisode. Tokyo Tribe 2 souffre en effet de quantité de défauts allant du superficiel au très dommageable. Tout d'abord du point de vue du récit, c'est longuet et extrêmement long à se développer. Huit épisodes auraient suffit, du coup un grand trou de rien sépare les premiers épisodes des derniers, dommage. Ensuite au niveau de l'univers en général. L'histoire est plutôt bien fichue mais contient pas mal de petites incohérences et surtout, se dévoile assez mal au spectateur. Qu'est ce que c'est ? Un anime plutôt réaliste ou une grosse dose de divertissement ? Ce n'est pas la deuxième réponse puisque Santa Inoue a bien un message(et même plusieurs) à faire passer ici. Pour autant est-ce réaliste ? Au début plutôt oui, puis débarque une créature mi-homme mi-monstre(et "re mi-ours derrière"...), les gangs utilisent des tanks pour se battre et un mec totalement invincible aux poings de fer se met à surgir en mode "deus ex machina" sans arrêt. On ne comprend pas. Et même si on s'habitue vite, on sent vraiment que si les bases ont été posées, l'anime comme le manga n'ont pas réussi à bien se présenter. Ces bouleversements ne gênent toutefois pas beaucoup puisque pour ça il faudrait être pris dans le déroulement des événements...ce qui n'est pas le cas du fait de personnages sans aucun charisme. On aime bien Kai et Mera, ils sont sympas mais franchement, comment peut-on se passionner pour ce qu'ils vont vivre ? On s'en fout comme pas permis ce qui nuit ici véritablement à l'intrigue. C'est d'ailleurs ce qui provoque ce moment de flottement entre les premiers épisodes et les derniers, leur histoire est chiante et monopolise les épisodes centraux.

Enfin dernier défaut important : la violence. Tokyo Tribe 2 est un anime très violent et ça parait logique au vu de la thématique mais là le mangaka comme le studio vont parfois dans des directions auxquelles personne n'aurait pensé, et ce n'est pas une qualité pour le coup. Je ne spoilerai pas mais une scène de l'épisode 1, devenue ultra connue sur le net aujourd'hui est l'exemple parfait d'un moment-qu'est-ce-que-ça-fout-là-putain-de-bordel-de-merde. Visiblement pour faire un truc comme ça qui n'a rien à voir avec les thèmes visés la drogue a dû tourner pas mal. Je vous laisse la découvrir mais je vous préviens tout de même, c'est gore et trash et justifierait une interdiction aux moins de seize ans. Les scènes de sexe ne sont également pas du tout à la bonne place. Dans une oeuvre parlant de guerre de gangs, de drogue et de prostitution voir une prostituée à l'oeuvre parait dans le ton. Ici il y en a des prostituées, beaucoup même mais elles ne sont absolument pas les sujets d'attention...Du coup ça parait déplacé et ce sont également des scènes qu'est-ce-que-ça-fout-là-putain-de-bordel-de-merde. Dommage donc car tout ça aurait pu avoir un réel sens dans Tokyo Tribe 2. Bon globalement l'anime est vraiment pas mal et très fun mais certaines tâches viendront sacrément obscurcir le résultat final. J'ai été déçu même si dans l'ensemble j'ai aimé l'histoire et surtout l'aspect technique de l'oeuvre, parfaitement adapté. Les combats sont dynamiques comme il faut, la fin est prévisible mais assez cool et l'univers vaut le coup d'être vu ne serait-ce que pour découvrir un genre très rare d'animes, mélange de hip-hop et de manga.

Note finale : 14/20

On termine la semaine avec un anime culte que j'ai redécouvert il y a peu : Dominion Tank Police.

Nom Original : Dominion Tank Police

Auteur : Masamune Shirow

Années de production : 1988-1989

Catégorie : Seinen

Genre : Science-fiction, Comédie, Action

Studio : Hakusensha, Agent 21

Durée : 4 OAV de 35 minutes

Crée en 1985 par Masamune Shirow le manga Dominion Tank Police a rapidement connu un certain succès chez les amateurs de science-fiction et de comédie absurde à tel point que Bandai décida de racheter les droits à la fin des années 80 pour l'adapter en anime. La série fut confiée au studio Agent 21 et au réalisateur Koichi Mashimo(aujourd'hui le réalisateur principal de Bee Train). Se déroulant en 2110 alors que la Terre est recouverte d'un nuage toxique ne laissant que peu de personnes saines DTP nous présente le quotidien d'une unité d'élite de la police, la Tank Police, censée stopper la criminalité grâce à des Tanks. Seulement voilà, la Tank Police initialement créée pour sauver la ville n'a rien d'une élite. Les membres de cette brigade sont stupides, machos, bourrins et causent autant de dégâts que ceux qu'ils sont censés appréhender. Partisans des bavures, des interrogatoires mis en scène voire de la torture ces "super-héros" sont devenus le fléau des politiques. Pour autant la population est plus ou moins satisfaite grâce à une forte baisse de la criminalité ce qui permet son maintien. Entre interventions brutales, consommation d'alcool et entretien des tanks la vie de la brigade du capitaine Brenten suit son cours. Mais tout ce joyeux quotidien est bouleversé lorsque Léona Ozaki, une ancienne membre de la police à moto, débarque dans cette unité d'élite. Diplomate et naïve elle va cependant rapidement changer après l'accueil macho de Brenten. Toute aussi dingue et loufoque que les hommes de la Tank Police, Léona va vite se faire sa place tout en rembarrant régulièrement Brenten sur son terrain. Mais alors que tout va bien dans le meilleur des mondes un criminel au look ridicule, Buaku, est engagé pour s'emparer de l'urine des patients sains d'un hôpital(ces derniers étant très rares). Accompagné de jumelles nekogirls, AnnaPuma et UniPumma le mercenaire va vite devenir le pire cauchemar de la Tank Police.

Scénaristiquement très classique la série devient pourtant un must see dès la première blague. Si l'histoire ne révèle rien de surprenant et ne passionne pas outre mesure l'humour et l'univers riche de Dominion Tank Police devraient ravir l'immense majorité du public. Les personnages sont délirants, cinglés et pourtant charismatiques et attachants ce qui rend hilarantes chacune de leurs mésaventures. Malgré une certaine absurdité dans l'univers le tout parait très cohérent et l'essentiel étant de rire, la mission est de toutes manières remplie. Soyez donc prévenus, si vous regardez Dominion Tank Police, vous regardez avant tout une comédie et non un anime d'action même si vous ne manquerez de rien à ce niveau là. Au passage je vous la conseille fortement car c'est sans conteste l'une des plus grosses réussites des années 80. Dotée d'une merveilleuse bande-son et d'un doublage très comique(dans le bon sens du terme) même en français la série est également très travaillée sur le plan visuel, c'est tout simplement bluffant. J'ai donc très clairement adoré cette oeuvre que j'ai trouvé absurde et irrésistible à la fois et je vous la recommande chaudement. Dominion Tank Police est un petit bijou de l'OAV que vous ne devez pas manquer(les 4 OAV sont sur la chaîne Youtube RARITIES).

Note finale : 16/20

On se retrouve aujourd'hui avec un nouveau moment marquant dont il fallait absolument que je parle : la mort d'Aerith dans Final Fantasy VII.

Contexte

Final Fantasy VII nous présente la lutte entre deux factions opposées. La Shinra d'un côté, société colossale qui prélève de l'énergie directement du centre de la Terre, détruisant peu à peu l'écosystème, et AVALANCHE de l'autre, un groupuscule d'éco-terroristes. Protégée par le SOLDAT, une organisation d'élite composée de combattants d'exception, la Shinra dirigée par le jeune Rufus a la main mise sur tous les territoires de Gaïa(la planète) y compris la cité de Midgar, où se dérouleront plusieurs des événements capitaux du jeu. Le jeu débute alors que le jeune Cloud Strife, ancien SOLDAT et désormais mercenaire rejoint le groupe AVALANCHE pour une mission. Aux côtés d'une amie d'enfance,Tifa Lockheart, et du leader du groupe Barret Wallace Cloud est amené à détruire des réacteurs Mako. Cependant un piège de la Shinra provoque une énorme explosion et fait chuter Cloud dans le bidonville de Midgar. Le jeune homme est alors sauvé par une fleuriste de son âge : Aerith Gainsborough. Naïve, belle et innocente, Aerith se retrouve pourtant poursuivie par les Turks, une unité spéciale de la Shinra pour une raison mystérieuse. Sauvée par Cloud elle devient rapidement proche du jeune homme. S'en suivront plusieurs aventures durant lesquelles elle sera tour à tour captive, combattante et conseillère du jeune mercenaire.

Au fur et à mesure du temps une relation très forte va se développer entre elle et Cloud, qui ressemble étrangement à son ancien fiancé Zack Fair. En dépit des efforts de Tifa pour attirer le regard du jeune homme celui-ci va tomber amoureux de la fleuriste et jurer de la protéger à la fois de la Shinra et également de Sephiroth, le plus puissant des SOLDATS devenu fou à la suite de la découverte de ses origines extra-terrestres. En effet Aerith est la dernière descendante des Cetras, les Anciens qui ont toujours eu un lien particulier avec Gaïa. Elle pourrait par ses origines permettre l'accès à un savoir incommensurable et devient donc la cible à capturer pour tous les tyrans que sont Rufus Shinra, ses conseillers et Sephiroth. A la fin du premier CD, Aerith décide de rejoindre l'ancienne capitale des Cetras pour prier pour la planète afin d'empêcher Sephiroth d'avoir accès au Météore capable de dévaster Gaïa. Résolus à protéger leur amie, Cloud et son groupe, composé alors de Tifa, Barret, Cid, Red XIII, Caith Sith et éventuellement Vincent et Youffie(des personnages optionnels) se rendent également sur les lieux.

La scène

Alors que les pouvoirs de Sephiroth ont forcé Cloud à lui donner la matéria noire pour contrôler le Météore Aerith a découvert ses origines et le rôle qui lui incombe dans la protection de Gaïa. Rejointe par Cloud et AVALANCHE elle leur confie sa volonté de vaincre Sephiroth et Jénova elle-même. L'ancien SOLDAT surgit alors derrière elle et tente de forcer Cloud à la tuer grâce à ses pouvoirs. Mais amoureux et déterminé, Cloud se refuse à le faire et repousse son ancien supérieur. Dérangé par le jeune homme et désireux de se débarrasser d'un obstacle de poids en la personne d'Aerith Sephiroth prend la décision de faire le travail lui-même. Il transperce alors la jeune fille avec Masamune, son sabre légendaire, et quitte les lieux comme le monstre qu'il est. Aerith s'effondre alors dans les bras de Cloud pour un dernier échange de paroles. Après sa mort, elle est amenée à la Rivière de la Vie, qu'elle voulait tant protéger, et est déposée dans l'eau par Cloud lui-même qui lui fait ses adieux. C'est cette perte tragique qui marque le début de la rivalité entre Sephiroth et Cloud et qui lance réellement Final Fantasy VII.

Ce qui marque

Cette scène est sans conteste l'une des plus épiques de l'histoire du jeu vidéo. Emouvante, surprenante et dramatique elle bénéficie d'un placement de choix dans le récit et d'une mise en scène ultra efficace. Rien que cet aspect suffirait pour qu'elle ait sa place ici. Mais si en plus on prend en compte le fait qu'elle lance à elle seule la plus grande rivalité de la fiction japonaise et du RPG en général ainsi que le scénario d'un des plus grands jeux de tous les temps alors on ne peut plus nier son intérêt. Outre tous ces éléments la mort d'Aerith permet de renforcer énormément les personnages du jeu qui n'en deviendront que plus développés et charismatiques. On découvre enfin les plans de Sephiroth, qui devient ainsi l'antagoniste principal du jeu(et quel antagoniste !), Aerith révèle son véritable rôle dans l'intrigue et affiche une force et une détermination qui tranchent totalement avec l'image de la femme dans le milieu du jeu vidéo à l'époque(voir pour ça mon Top des meilleurs personnages féminins) quant à Cloud, il prend enfin sa place de leader. Même Zack Fair, pourtant très absent du jeu prend une réelle dimension avec cette scène. Bref, elle n'est pas seulement marquante pour ce qu'elle présente mais également car à elle seule elle lance le jeu. Tout ce qui vient après est une conséquence directe de la mort d'Aerith. Outre sa beauté et son intensité elle est la partie-clé de Final Fantasy VII, celle sans laquelle nous n'aurions jamais découvert ce jeu. Il y a donc difficilement plus marquant.