-
DreamWorks Animation
On continue dans notre exploration des studios d'animation occidentaux avec l'un des trois géants américains : DreamWorks.
Date de création : 12 octobre 1994(début du projet)/27 octobre 2004(fondation)
Fondateurs : Steven Spielberg, Jeffrey Katzenberg, David Geffen
Milieu : Film d'animation
Partie I : L'historique
La fondation d'un géant de l'industrie
Pour découvrir les origines de DreamWorks Animation SKG, il faut remonter au 12 octobre 1994, date de la création de la maison mère DreamWorks SKG. A l'origine, le projet est massif : construire un immense ensemble de studios multimédias(films, animation, musique etc...) pour être présent dans chaque branche culturelle. Les sommes nécessaires sont folles et le tout parait un peu trop ambitieux. Aux commandes du projet se trouvent trois hommes bien connus, le grand Steven Spielberg pour commencer, son ami Jeffrey Katzenberg(l'ancien responsable de Walt Disney Feature Animation) et David Geffen(fondateur de Geffen Records). Après avoir réunis les fonds, ils fondent alors le studio DreamWorks SKG(pour l'initiale de chacun des fondateurs) le 12 octobre 1994. Rapidement la société se met en marche et les projets commencent à arriver. D'abord orienté vers le cinéma traditionnel et le milieu de la musique il faut attendre 1996 pour voir le studio racheté 40% de Pacific Data Images, un studio d'animation numérique. C'est le début d'une success story dans notre milieu favoris. Dès 1996, DreamWorks et Pacific Data Images prévoient un projet commun, de son côté le géant américain met en marche un autre film d'animation en solo. Peu après la branche animation de DreamWorks devient DreamWorks Animation SKG. Les ambitions du tout jeune studio sont alors impressionnantes : se spécialiser à la fois dans l'animation traditionnelle et dans l'animation numérique.
Pendant un peu plus de deux ans, le travail se fait silencieusement mais avec efficacité. Puis les campagnes marketing commencent. Le monde de l'animation est dans l'expectative, que vaut ce nouveau studio qui vient de signer un partenariat avec Aardman Animations ? La réponse arrive en octobre 1998 avec la sortie de l'exceptionnel Fourmiz, crée en collaboration avec Pacific Data Images. Le film fait un carton et récolte quelques 70 millions de dollars de bénéfices, une belle marge compte tenu de la situation du studio et de la concurrence. Avec 95% d'avis favorables sur Rotten Tomatoes, c'est un succès. Mais l'année ne s'arrête pas là puisque deux mois après sort Le Prince d'Egypte, film 100% DreamWorks qui met en scène l'histoire de Moïse de manière romancée. Même s'il est considéré comme moins bon que Fourmize, il engrange bien plus d'argent puisque pour 70 millions de budget, il en récolte 219. Avec deux gros succès d'animation à son actif et quelques films lives de renom comme Il faut sauver le soldat Ryan, Deep Impact ou encore Small Soldiers DreamWorks devient l'un des plus gros studios du monde en 1998. Tous les yeux sont braqués sur lui. Les dirigeants opèrent alors une séparation plus tranchée des différentes branches, le succès financier étant assuré. DreamWorks Animation devient alors un peu plus libre.
DreamWorks Animation sur tous les fronts
Katzenber, heureux de ce que le studio lui offre, prend alors sérieusement les choses en main. Il organise un recrutement massif, élève le budget marketing et forme plus de jeunes réalisateurs. Parmi les membres de confiance du boss on trouve Eric Darnell, Tim Johnson, Brenda Chapman, Simon Wells ou bien le français Eric Bergeron. Divers projets sont mis en route mais un attire particulièrement l'attention des médias spécialisés : le film issu de la collaboration avec Aardman et prévu pour 2000. En effet Aardman est un cador de l'animation à cette époque mais est un rookie du cinéma quant à DreamWorks, il vient de débuter et n'a pas encore la confiance du public. Le projet va-t-il valoir le risque ? A force de se poser la question et d'attendre Chicken Run avec impatience, le public et les spécialistes passent totalement à côté du nouveau film DreamWorks : La Route d'Eldorado. Le film sort le 31 mars 2000 mais ne remporte pas le succès escompté. Réalisé par Eric Bergeron et Don Paul il coûte au studio 95 millions de dollars mais n'en remporte que 76 millions. Les critiques sont mitigées et à terme, c'est un échec commercial cuisant. Est-ce vraiment une question de qualité ou bien est-ce le trop d'attention accordé à Chicken Run ? Je dirais personnellement que c'est la deuxième option, La Route d'Eldorado étant un bon film sans prétention mais efficace. Quoiqu'il en soit "l'Elu" arrive enfin en juin de la même année . Chicken Run est un carton monumental et l'accord avec Aardman est prolongé. A ce moment-là, DreamWorks panique un peu. En effet le marché étant très dur, notamment à cause des concurrents de chez Disney et Pixar, un échec comme La Route d'Eldorado peut coûter cher, très cher. Mais Katzenberg s'accroche et compte entre autres sur le talent de son équipe et sur le partenariat avec Aardman, bien parti.
Les membres du studio travaillent alors comme des bêtes afin d'exploiter au mieux leurs capacités. Deux projets sont alors trouvés, le premier est pris en charge par Andrew Adamson et Vicky Jenson alors que le second est confié à Kelly Asbury et Lorna Cook. L'un est en images de synthèse, l'autre en animation traditionnelle. Les mois qui vont suivre cette prise de décision vont être tendus, si DreamWorks se développent plutôt bien grâce au cinéma live et à la musique, la branche Animation peine à avancer. Mais la situation s'arrange nettement dès la sortie du premier projet, celui d'Adamson/Jenson. Le 18 mai 2001 voit débarquer sur les écrans américains l'ogre Shrek. Comédie d'aventure hilarante c'est un carton tant au niveau du public enfantin que du public adolescent et adulte. Avec un budget de 60 millions seulement le film récolte 484 millions de dollars de recettes et obtient d'excellentes critiques partout dans le monde. DreamWorks devient alors le concurrent direct de Pixar pour la place de numéro 2 aux Etats-Unis. Le studio est enfin confirmé dans son rôle de Grand de l'animation. Le public est charmé et attend avec impatience les nouvelles oeuvres de chez Katzenberg. Mais il lui faut attendre encore un an avant que le second projet débarque. Spirit l'étalon des plaines rentre dans ses frais et réalise un petit bénéfice, cependant il est considéré comme un bon film sans plus. Cela plait tout de même et le film est affiché comme un succès.
L'année d'après sort Sinbad : la légende des sept mers, un autre film d'animation traditionnel réalisé par Tim Johnson. Obtenant des critiques mitigées, il réussit tout de même à faire un bénéfice de 21 millions de dollars. Cependant l'aura de Shrek fait rappeler à tous le peu de réussite des derniers longs-métrages. Katzenberg décide donc, avec l'accord des chefs d'équipe de lancer une suite. En parallèle, un autre projet est lancé avec une équipe réduite. L'année 2004 s'approche alors à grands pas, le studio ignore alors qu'il va s'agir d'une année particulièrement importante pour lui. En effet, trois événements majeurs vont s'y dérouler. Le premier est la sortie de Shrek 2 au mois de mai. Avec 150 millions de dollars de budget et 920 de recettes il est le plus gros succès de l'année dans le monde de l'animation. Ensuite, au tout début du mois d'octobre sort Gang de Requins, une autre production de Vicky Jenson et Eric Bergeron. Même si les critiques sont mitigées, voire cinglantes parfois, le film réalise un énorme bénéfice et plait beaucoup aux enfants. Enfin et c'est sans doute l'événement le plus important, le studio se sépare de DreamWorks SKG. En effet la branche animation veut voler vers d'autres cieux, les contraintes sont nombreuses et souvent, la branche cinéma traditionnel est avantagée par rapport à elle. La pression est trop forte et les animateurs et réalisateurs manquent de liberté. Le 27 octobre 2004, DreamWorks Animation SKG devient indépendante et emporte avec elle le contrat de partenariat avec Aardman.
DreamWorks Animation : de la branche au réel studio
Katzenberg est donc désormais seul aux commandes et ne reçoit plus aucune directive. Les conditions de travail du studio s'améliore et, sans rentrer dans les détails, tout le monde est heureux. L'année 2005 se déroule extrêmement bien et fait taire les critiques qui pensaient DreamWorks Animation finie avec les énormes succès de Madagascar et Wallace et Gromit, en partenariat avec Aardman. L'année 2006 est quant à elle un peu plus mitigée mais reste dans le bon voire très bon. En mai sort Nos voisins les hommes, film moyen mais bénéficiaire tout de même et en novembre Souris City, en coproduction avec Aardman. Malheureusement ce dernier ne récolte pas assez d'argent pour une collaboration si coûteuse et à cause de désaccords artistiques, les deux studios s'éloignent puis finiront par rompre leur partenariat. A ce moment-là, on envisage chez DreamWorks un retour à l'animation traditionnelle. L'image de synthèse fonctionne très bien mais beaucoup de puristes aimeraient revoir de l'animation en 2D symbolique de l'ère Disney. Cependant un contrat va voir le jour entre le studio et la Paramount qui a, entre temps, racheté l'ancienne maison mère de DreamWorks Animation. Par conséquent le studio retrouve ses racines et comprend que ce qui plait aux producteurs, au public et aux animateurs c'est l'animation en images de synthèse. Le reste n'est plus au goût du jour et n'amasse pas assez d'argent. Les années qui vont suivre seront couronnées de succès grâce à cette décision. En 2007 on peut voir sur les écrans Shrek 3 et Bee Movie qui font un carton. En 2008 on retrouve les héros de Madagascar pour une suite mais on rencontre aussi le panda Pô qui rêve de devenir shaolin dans Kung Fu Panda, autre blockbuster. Et en 2009 on se contente d'un seul film, Monstres contre Aliens qui marche plutôt bien. DreamWorks est alors une référence de l'animation, troisième géant américains souvent au coude-à-coude avec Pixar il semble intouchable. Il engrange des dizaines de millions en produits dérivés, présente des attractions dans divers parcs autour du globe, fait de la pub et signe plusieurs contrats de partenariats avec des entreprises de divers secteurs. Au niveau des affaires, DreamWorks explose littéralement en 2009. La suite n'est donc qu'une conséquence logique.
Au total, pour les films d'animation, environ 1,5 milliard de dollars atterrit dans la poche du studio en 2010. Ce succès il le doit à Dragons, Shrek : Il était une fin et Megamind. Durant les deux années qui vont suivre, le studio va surtout se pencher sur une expansion dans les pays d'Asie et dans différents milieux proches de l'animation comme le dessin animé. On notera toutefois les sorties de Kung Fu Panda 2, Le Chat Potté et Madagascar 3. Mais arrive un moment critique : Les Cinq Légendes. Ce film sorti en novembre 2012 remporte sur le papier un bon succès, malheureusement les coûts de production étant élevés et le partage de bénéfices entres associés étant ce qu'il est, le film est un échec commercial et DreamWorks passe dans le rouge pour la première fois en dix ans. Les ventes de DVD et Blu-ray rattrapent heureusement le tout mais ceci force l'équipe de Katzenberg à moins se disperser dans les médias et à plus se concentrer sur le matériau de base. Un élan de sérieux est donc adopté et c'est tant mieux car sans cela, Les Croods, sorti en mars 2013 n'aurait peut-être pas été aussi bon. Le film est une merveille et remporte plusieurs récompenses à travers le globe. Il est même tellement réussi qu'il fait passer Turbo, l'autre production DreamWorks de l'année, pour un projet indépendant. Turbo s'en sort tout de même mais c'est assez juste.
Un avenir prometteur
On constate donc que depuis son lancement et malgré des petites baisses de régimes, DreamWorks Animation SKG n'est jamais passé proche de la faillite. Toujours soutenu par les fans et adulé partout où ses films passent le studio réussit l'exploit de se maintenir au sommet depuis plus de douze ans. Son expansion ne fait que commencer et l'année 2014 le prouve bien. Le studio annonce en effet plusieurs partenariats en Asie, une chaîne de télévision à son nom est lancée et ses films Dragons 2, Mr.Peabody et Sherman et les Pingouins de Madagascar sont tous des succès commerciaux et critiques conséquents. En route ! quant à lui est encore en "tournée" mais a visiblement plu. Les prochaines années du studio sont donc assurées et les fans d'animation en images de synthèse ne vont pas être déçus. Kung Fu Panda 3, Trolls, Les Croods 2, Dragons 3, Larrikins, Boss Baby et Capitaine Bobette sont autant de projets du studio de Glendale en préparation et prévus entre 2016 et 2018.
Actuellement numéro trois de l'animation aux Etats-Unis, les experts financiers prévoient un dépassement de Pixar par DreamWorks d'ici 2017. Mais ne soyons pas fantaisistes, Disney, Pixar et DreamWorks seront toujours au sommet aux USA et empêcheront toujours les autres studios de prendre l'ascendant sur eux. Quoiqu'il en soit DreamWorks est un excellent studio producteur de très bons films qui mérite qu'on parle de lui. J'aime énormément son travail et vous le conseille fortement.
Partie II : Le style
DreamWorks a pour particularité d'avoir maintenu l'animation traditionnelle sur le devant de la scène assez tard, là où les concurrents préféraient les images de synthèse ou la 3D. Orignal et dynamique dans son animation il s'est pourtant toujours obligé à créer des histoires simples, privilégiant un public un peu plus enfantin que Pixar. Par la suite il est passé aux images de synthèse et à la 3D, son univers s'est alors considérablement renforcé et son esthétique visuelle s'est améliorée. Là où je trouvais son style un peu étrange à la fin des années 90 il me plait beaucoup plus aujourd'hui. C'est de l'excellent travail, vraiment très beau et toujours joint à des projets simples mais efficaces capables de ravir toute la famille.
Qu'on soit donc prévenu, les thèmes, les personnages et les histoires vus chez DreamWorks sont manichéens et prévisibles. Cependant l'humour extrêmement large du studio, sa patte artistique, sa mise en scène et ses personnages loufoques en font un des favoris des enfants et bien souvent, des adultes. On cherchera donc plutôt un petit divertissement familial sympathique chez DreamWorks. Il y a rarement de message caché, de cynisme ou d'ironie comme on peut le voir chez Pixar ou même Disney, dans de rares occasions. Toutefois si on cherche du visuel, du dynamisme et un excellent niveau sonore ce studio est idéal.
Partie III : Les membres
Parmi les membres les plus influents qui sont ou étaient chez DreamWorks on peut citer :
-Jeffrey Katzenberg, le co-fondateur, chef exécutif et dirigeant.
-Mellody Hobson, la chairman(présidente) du studio.
-Tim Johnson, réalisateur régulier des fictions DreamWorks.
-Eric Bergeron, animateur français qui a notamment réalisé Gang de Requins et La Route d'Eldorado.
-Vicky Jenson, réalisatrice de Gang de Requins ou encore Shrek.
-Kelly Asbury, animatrice et réalisatrice de Spirit. Elle a aussi travaillé chez Disney sur La Reine des Neiges et Les mondes de Ralph.
-Andrew Adamson, réalisateur des deux premiers Shrek.
-Chris Sanders et Dean DeBlois, créateurs de la licence Dragons. Ils ont tous les deux écrit et réalisé Lilo et Stitch pour Disney.
-Kirk DeMicco, réalisateur des Croods.
Evidemment au vu du nombre d'employés qualifiés du studio, beaucoup pourraient être nommés.
Partie IV : L'oeuvre
1998 : Fourmiz de Eric Darnell et Tim Johnson
1998 : Le Prince d'Egypte de Simon Wells, Brenda Chapman et Steve Hickner
2000 : La Route d'Eldorado de Eric Bergeron, Don Paul, Will Finn et David Silverman
2000 : Chicken Run de Nick Park et Peter Lord(avec Aardman Animations)
2001 : Shrek d'Andrew Adamson et Vicky Jenson
2002 : Spirit, l'étalon des plaines de Kelly Asbury et Lorna Cook
2003 : Sinbad : la légende des sept mers de Tim Johnson et Patrick Gilmore
2004 : Shrek 2 d'Andrew Adamson, Kelly Asbury et Conrad Vernon
2004 : Gang de Requins d'Eric Bergeron, Vicky Jenson et Rob Letterman
2005 : Madagascar d'Eric Darnell et Tom McGrath
2005 : Wallace et Gromit : La Malédiction du Lapin-Garou de Nick Park et Steve Box(avec Aardman Animations)
2006 : Nos voisins les hommes de Tim Johnson et Karey Kirkpatrick
2006 : Souris City de David Bowers et Sam Fell(avec Aardman Animations)
2007 : Shrek 3 de Chris Miller et Raman Hui
2007 : Bee Movie de Simon J. Smith et Steve Hickner
2008 : Kung Fu Panda de John Stevenson et Mark Osborne
2008 : Madagascar 2 de Tom McGrath et Eric Darnell
2009 : Monstres contre Aliens de Conrad Vernon et Rob Letterman
2010 : Dragons de Chris Sanders et Dean DeBlois
2010 : Shrek, Il était une fin de Mike Mitchell
2010 : Megamind de Tom McGrath
2011 : Kung Fu Panda 2 de Jennifer Yuh Nelson
2011 : Le Chat Potté de Chris Miller
2012 : Madagascar 3 d'Eric Darnell, Conrad Vernon et Tom McGrath
2012 : Les Cinq Légendes de Peter Ramsey
2013 : Les Croods de Chris Sanders et Kirk DeMicco
2013 : Turbo de David Soren
2014 : Mr.Peabody et Sherman de Rob Minkoff
2014 : Dragons 2 de Dean DeBlois
2014 : Les Pingouins de Madagascar d'Eric Darnell et Simon J. Smith
2015 : En Route ! de Tim Johnson
2016 : Kung Fu Panda 3 de Jennifer Yuh Nelson et Alessandro Carloni
2016 : Trolls de Mike Mitchell
2017 : Boss Baby de Tom McGrath
2017 : Les Croods 2 de Kirk DeMicco et Chris Sanders
2017 : Capitaine Bobette de Rob Letterman
2018 : Larrikins de ???
2018 : Dragons 3 de Dean DeBlois
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. On se retrouve demain pour parler d'une des personnalités majeures du manga et de l'animation au Japon.
Tags : Studio, DreamWorks SKG, DreamWorks Animation, animation, Shrek, Madagascar, Gang de Requins, En route !
-
Commentaires