• Mamoru Oshii

    Pour terminer la saison des chroniques du dimanche on s'attaque au légendaire Mamoru Oshii.

    Mamoru Oshii

    Affiliation : aucune

     

     

     

    Partie I : L'historique

    Présentation générale

    Mamoru Oshii est un écrivain, réalisateur, producteur et scénariste japonais ayant fait carrière dans le cinéma d'animation et dans le cinéma traditionnel et né 8 août 1951 à Tokyo. Il a rapidement connu le succès au début des années 80 grâce à son esprit artistique très évolué qui lui a notamment permis d'ajouter régulièrement des cordes à son arc. Il est principalement connu pour l'adaptation de Ghost in the Shell, le manga de Masamune Shirow, qu'il a fait en 1995 et pour être le créateur des OAV.

     

    Jeunesse et débuts d'un artiste impliqué

    Mamoru Oshii naît donc le 8 août 1951 à Tokyo dans une famille touchée par la Seconde Guerre Mondiale. Rapidement, le petit Mamoru développe un sens artistique profond par le biais de dessins et de rédactions. Il se prend vite d'affection pour le théâtre, le cinéma et les spectacles de rue assez populaires à cette époque à Tokyo. Dès qu'il en a l'âge il commence à créer ses propres histoires, celles-ci parlent souvent de robots et s'appuie sur la nouvelle mode : l'informatique. A partir du collège Mamoru devient un fana de cinéma, il consomme les films en masse et prend pour exemple les travaux d'Ingmar Bergman, Chris Marker, Andrzej Wajda ou encore Andrzej Munk. C'est au lycée qu'il rencontre M. Aramada, l'un de ses professeurs. Celui-ci est doté d'une culture cinématographique gigantesque et va beaucoup inspirer Mamoru, cependant il est assez aigri et très peu apprécié de ses élèves. Oshii réussira toutefois à avoir des conversations intéressantes avec lui. Une fois le lycée fini il s'inscrit à l'Université de Tokyo(Todaï pour les connaisseurs) section Arts d'où il en sort diplômé en 1976. Tout de suite après, il parvient à se faire engager par Tatsunoko Production. Il y fait ses premières armes mais quitte le studio en 1980 pour se diriger vers le studio Pierrot, sous la supervision de son mentor Hisayuki Toriumi. Il travaille alors sur la série Nils Holgersson et surtout sur Lamu, l'adaptation du manga de Rumiko Takahashi, qu'il co-réalise avec Kazuo Yamazaki et le studio Deen. Il est également scénariste sur Lamu mais aussi sur les deux premiers films de la série. C'est à cette période qu'il développe son sens de la mise en scène et de l'écriture et qu'il rencontre ses futurs collaborateurs : Yoshitaka Amano et Kazunori Ito.

    Les années passent et le talent d'Oshii se dévoile de plus en plus. En parallèle de Lamu qui cartonne, Oshii se met à travailler sur un nouveau projet : Dallos. L'oeuvre en elle-même n'a rien de marquant mis à part le fait qu'il s'agisse du tout premier OAV de l'histoire, c'est à dire du premier anime destiné directement au marché de la vidéo. Pour cette raison Dallos est un succès et le client, Bandai, est très satisfait. Le premier film Lamu marche très bien aussi par contre le deuxième beaucoup moins, en effet Oshii s'est beaucoup écarté de l'esprit du manga ce qui a moyennement plu à Rumiko Takahashi. Se voyant entravé par des limites, Mamoru se sent alors incompris. Il décide alors, ayant un projet en tête, de quitter le Studio Pierrot en 1984 pour devenir indépendant. Il garde cependant d'excellentes relations avec le studio et avec Deen, qui reprend les commandes de la série Lamu. L'objectif de Mamoru est alors de faire un film aux inspirations bibliques et à l'ambiance novatrice et unique, que personne n'oublierait. Mais étant un dessinateur moyen, il contacte son ami Yoshitaka Amano pour l'aider. Ce dernier accepte et le projet est mis en route. Pour éviter l'étape difficile de la recherche de producteurs, Oshii contacte le studio Deen pour faire un partenariat, c'est encore une fois accepté. L'Oeuf de l'Ange sort en 1985 sur les écrans et est un très bon succès. Le film est jugé avant gardiste, ambitieux et superbement scénarisé. Le fait qu'il ait été fait par une toute petite équipe est également salué. Oshii, Amano et Deen en ressortent plus forts. Tout de suite après Oshii part sur un nouveau projet : Anchor. On ne sait comment mais très vite, Oshii travaille avec Toshio Suzuki, Hayao Miyazaki et Isao Takahata qui viennent alors de fonder Ghibli et ont des difficultés financières. Malheureusement après quelques mois de travail, le film est annulé pour désaccord artistique entre les quatre hommes. Oshii considérait les films de Miyazaki comme trop idéalistes alors que Miyazaki critiquait la prise de risques parfois insensée de son collègue. Le projet disparaît alors mais Oshii reste sur le devant de la scène. Une légende est née.

    Mamoru Oshii

     

    La période Patlabor

     A la fin des années 80 et alors qu'il ne sait plus où il en est, Oshii est contacté par Kazunori Ito qui veut de lui au sein d'un collectif de passionnés appelé Headgear. Celui-ci accepte et devient alors le réalisateur principal du studio. La sécurité financière que représente son statut, qui reste malgré tout indépendant, lui permet d'engager différents projets. Tout d'abord il se met à écrire, beaucoup. Romans, nouvelles, poésie ou même livres sur le métier de réalisateur, tout y passe. C'est aussi à ce moment là qu'il développe l'histoire de Patlabor, un univers futuriste dans lequel évolue une police un peu spéciale. En 1987 il réalise Twilight Q Mystery Article File 538, un OAV censé véritablement lancer l'économie de Headgear. En parallèle Oshii tente le tout pour le tout et s'essaye au cinéma traditionnel dont il est si friand. Il crée alors la saga de Kerberos, une saga multi-supports qui ne le quittera jamais. Il commence donc cette saga par un film en noir et blanc appelé The Red Spectacles, qui sort en 1987. Il la continue dès 1988 avec le manga Kerberos Panzer Cop qui va durer jusqu'en 2000. Vient ensuite un second film, en couleurs et avec beaucoup plus de moyens du nom de Stray Dogs. Oshii s'inspire alors énormément des réalisateurs qu'il affectionne comme Jean-Luc Godard. Enfin, il réalise le dernier film de cette trilogie en 1992 : Talking Head. Ce dernier est un film expérimental étrange mais qui remporte malgré tout un certain succès. Oshii gagne alors ses galons de réalisateur traditionnel et jouit d'une forte popularité à travers le monde grâce à l'exportation de ses produits. Mais revenons à 1988 et ses travaux dans l'animation.

    Dès 1988 le projet Patlabor est prêt. L'équipe de Headgear s'y atèle alors. Les sept OAV sortent en 1988 et ne mettent pas longtemps avant de devenir cultes. Oshii devient alors une référence de la science-fiction ce qui lui permet de développer ses théories au travers de conférences, de livres et de petits one-shots. Il traite alors beaucoup des dangers de la technologie, du cyber-terrorisme et des restrictions que doit subir la police dans ses enquêtes. L'année suivante il réalise les 6 OAV de la série Gosenzosama banbanzai, très peu populaire en dehors du Japon. Puis en 1990 il réalise le film Maroko, un film qui constitue sans doute la seule tâche dans son CV. Il fait ensuite marcher ses relations dans le milieu de l'animation, qui sont vastes(Gainax, Deen, Katsuhiro Otomo, Yoshitaka Amano, Pierrot...) pour pouvoir produire les films Patlabor en 1990 et 1993. Là encore le succès est au rendez-vous. Oshii quitte alors sa place officielle chez Headgear mais reste proche du studio. Il sort en parallèle deux romans Patlabor et entâme deux nouveaux projets, un manga en collaboration avec Satoshi Kon et un scénario pour un film adapté de son manga Kerberos Panzer Cop. Fin 1993 cependant, Oshii veut se lancer un nouveau défi. Il tombe alors par hasard sur le manga de Masamune Shirow Ghost in the Shell. Voyant l'immense potentiel de cet univers, il contacte alors les ayants droits pour réaliser un film adapté de l'histoire du major Kusanagi. Après quelques mois de négociations c'est accepté.

    Mamoru Oshii

     

    La période Ghost in the Shell

    L'année 1995 est sans doute celle qui marquera le plus la carrière de Mamoru Oshii. Tout d'abord il est reconnu comme un réalisateur à surveiller dans le cinéma traditionnel par plusieurs de ses pairs dans le monde(dont Jean-Luc Godard). Ensuite il termine son scénario adapté de Kerberos Panzer Cop et tombe par la même occasion sur son futur disciple Hiroyuki Okiura. Puis il débute le manga Seraphim avec Satoshi Kon, dont les premiers chapitres sont bien reçus par le public. Enfin et surtout, il sort au cinéma le film Ghost in the Shell qui va changer à jamais le milieu de la science-fiction, japonaise comme mondiale. Ghost in the Shell fait un tabac comme rarement un film d'animation l'aura fait. Visionné des milliers de fois au Japon, aux Etats-Unis et en Europe il jouit très vite d'un réputation incroyable. Plusieurs des grands réalisateurs du milieu le considèrent d'ailleurs comme un mythe qu'il faut absolument voir. Oshii est alors l'un des premiers réalisateurs dont le travail dans l'animation est vu par des néophytes(avec Miyazaki et Takahata entre autres). Son film est alors considéré comme un chef-d'oeuvre. Ce succès critique et commercial lui permet alors de vivre plus tranquillement et plus librement. Mais son planning reste très chargé.

    Dans le domaine du manga il doit malheureusement abandonné Seraphim avec Satoshi Kon en 1996. Cependant l'oeuvre aura marqué le public dans le bon sens du terme, un exploit pour quelque chose d'aussi court et non fini. Mais Oshii continue en solo Kerberos Panzer Cop qui connait lui aussi un gros succès. 1996 est aussi l'année où le réalisateur débute son nouveau film live : Avalon. Ce dernier sera achevé en 2001 après cinq ans d'efforts et sera même présenté au festival de Cannes. Sans être transcendant, il marque par son ambiance et son univers. Mamoru Oshii est alors vu comme un réalisateur expérimental qui cherche à transcender les limites imposées par le cinéma traditionnel. Il jouit alors d'une forte popularité dans les milieux élitistes du cinéma. Dans l'animation il n'apparaît plus directement. En 1999 il est scénariste et producteur de Jin-Roh, la Brigade des Loups, le film réalisé par Hiroyuki Okiura sur la base de son scénario inspiré de Kerberos Panzer Cop. Au même titre que Ghost in the Shell Jin-Roh va être un carton monumental et va devenir cultissime. Enfin en 2000 Oshii scénarise et surtout produit le film Blood : The Last Vampire. Fin 2001, Oshii prend une longue période de vacances bien méritée, se permettant encore de surfer sur le succès de Ghost in the Shell.

     

    L'après Ghost in the Shell, enfin pas tout à fait

    Après plusieurs écrits plus ou moins populaires Oshii revient enfin sur le devant de la scène en tant que réalisateur. Comme les fans le voulaient c'est avec Ghost in the Shell qu'il fait son retour en 2004. Plus précisément il s'agit d'Innocence, la suite du premier film. Moins bon que le premier, il remporte toutefois un excellent succès, en partie dû à son nom. Oshii entamera alors une sorte de jeu médiatique où il apparaît puis disparaît des écrans radars plusieurs fois de suite. Par exemple il revient dans la sphère publique avec Open Your Mind en 2005, une sorte d'expérimentation visuelle ou encore avec Onna Tachiguishi-Retsuden en 2006, un court-métrage sorti en OAV. Le reste du temps il est introuvable. Ses apparitions sporadiques lui permettront de mettre en valeur le travail de ses amis et partenaires mais aussi les projets auxquels il participe comme Ani*Kuri 15, Halo Legends ou Tachiguishi Restuden, le film. Le réalisateur confie quelques années après qu'il cherchait en fait à se débarrasser de l'ombre de Ghost in the Shell à ce moment là, afin de ne plus se sentir impliqué par l'univers. Finalement il reviendra une dernière fois à Ghost in the Shell en 2008 avec Ghost in the Shell 2.0, un toilettage du premier film censé lui donner un aspect visuel moderne. Les fans seront comblés de même qu'Oshii, enfin il peut dire qu'il a terminé sa plus grande oeuvre. Il termine ensuite l'année 2008 en beauté avec The Sky Crawlers, un film d'animation fait avec Production I.G. Ce dernier reste à ce jour son dernier film d'animation.

    Mais pas son dernier film puisqu'il revient en 2009 avec Assault Girls, considéré comme son moins bon film et surtout en 2014 avec The Last Druid : Garm Wars, son premier film en langue anglaise. Au Japon ce fut un énorme succès et il est encore aujourd'hui attendu dans le reste du monde. Hormis avec ces deux derniers films, Mamoru Oshii a très peu fait parler de lui ces dernières années. La fin de Ghost in the Shell et Kerberos Panzer Cop ont apparemment marqué le départ du réalisateur des milieux de l'animation et du manga. Ce dernier semble être seulement intéressé par le cinéma traditionnel qui lui ouvre ses portes en grand. Même l'écriture n'est plus son cheval de bataille. Toujours est-il que s'il est moins médiatisé, Mamoru Oshii continue pourtant sa carrière d'artiste avec brio. Il est probablement l'un des plus grands touche-à-tout. Un artiste accompli qui nous réserve probablement encore quelques surprises de taille.

    Mamoru Oshii

     

    Partie II : Le Style

     Le style d'Oshii est plutôt reconnaissable. Il aime les scènes lentes rythmées par quelques scènes d'action intenses et rapides. Les atmosphères lentes et méditatives, posées sont ses préférées et il aime les développer dans toutes ses oeuvres, du film à l'anime en passant par le roman. On peut également apercevoir régulièrement un basset et des oiseaux dans ses oeuvres, pour quelle raison on ne sait pas mais il s'y attache résolument. Oshii fait en sorte de rendre des univers sombres et cruels, souvent oppressants et sans bonheur ou presque. Fortement influencé par le mouvement anti-traité de sécurité entre le Japon et les USA dans les années 60 et 70 il s'obstine à supprimer toute notion d'humour et de confiance dans ses films. Le traître peut être partout et l'espionnage national comme international ne doit jamais être oublié. 

    Le rythme lent et les scénarios profonds et emplis de désespoirs d'Oshii ont fortement influencé d'autres réalisateurs à commencer par Hiroyuki Okiura, le disciple de ce dernier. Mais pas que, puisque de leur propre aveu les Wachowski(les frères à la base mais comme l'un a changé de sexe je ne dirai que les Wachowski) se sont fortement inspiré de Ghost in the Shell pour créer la trilogie Matrix. Le réalisateur James Cameron avoue également admirer les films d'Oshii et vouloir prendre exemple sur lui dans un de ses prochains films. 

    Mamoru Oshii

     

    Partie III : L'oeuvre

    Animes et films d'animation

    1980 : Le Merveilleux voyage de Nils Holgersson(épisodes 6,9,10,13,23,49 et 51)

    1981-1984 : Lamu

    1983 : Dallos(1 OAV)

    1983 : Lamu Film 1

    1984 : Lamu Film 2

    1985 : L'Oeuf de l'Ange

    1987 : Twilight Q Mystery Article File 538(1 OAV)

    1988 : Patlabor(7 OAV)

    1989 : Gosenzosama banbanzai(6 OAV)

    1990 : Maroko

    1990 : Patlabor, le film

    1993 : Patlabor 2, le film

    1995 : Ghost in the Shell

    2000 : Blood : The Last Vampire(uniquement en tant que scénariste et producteur)

    2004 : Innocence : Ghost in the Shell 2

    2005 : Open Your Mind

    2006 : Onna Tachiguishi-Retsuden

    2007 : Ani*Kuri 15

    2008 : Ghost in the Shell 2.0

    2008 : The Sky Crawlers

    2009 : Halo Legends

    2010 : Je t'aime

     

    Cinéma traditionnel

    1987 : The Red Spectacles

    1991 : Stray Dogs

    1992 : Talking Head

    2001 : Avalon

    2003 : 50 Woman(court-métrage)

    2008 : Tachiguishi Retsuden

    2009 : Assault Girls

    2014 : The Last Druid : Garm Wars

     

    Scénariste

    1981-1984 : Lamu

    1983 : Spoon Obasan(série TV)

    1983-1984 : Lamu Film 1 & 2

    1985 : L'Oeuf de l'Ange

    1987 : The Red Spectacles

    1988 : In the Aftermath(avec Carl Colpaert)

    1991 : Stray Dogs

    1992 : Talking Head

    1995 : Ghost in the Shell

    1999 : Jin-Roh, la Brigade des Loups

    2002 : Minipato(3 courts-métrages d'animation)

    2003 : 50 Woman

    2004 : Innocence : Ghost in the Shell 2

    2005 : Elle is Burning

     

    Mangas

    1985 : In the End(avec Yuji Moriyama)

    1988-1990 : Kerberos Panzer Cop(+ 1 compilation)

    1995-1996 : Seraphim(avec Satoshi Kon)

    1999-2000 : Kerberos Panzer Cop

    2000 : Kerberos Panzer Cop : Conclusion et Zen Edition

    2002 : Dragon Retriever(avec Yasuyuki Ohno)

    2003-2005 : Kerberos Saga Rainy Dogs(avec Mamoru Sugiura)

    2006 : Kerberos & Tachiguishi(avec Mamoru Sugiura)

     

    Romans

    1990-1995 : Mobile Police Patlabor : Tokyo War vol. 1 & 2

    2000 : Blood : The Last Vampire : Night of the Beasts

    2000 : Avalon, Grey Lady

    2004 : Tachiguishi Retsuden

    2005 : Pax Japonica(essai)

     

    Mamoru Oshii

    On s'arrête donc ici, il y aurait encore tellement à dire sur le bonhomme mais cela dépasserait le cadre de l'animation et du manga. On termine donc cette saison 2 des chroniques du dimanche avec un grand auteur sur lequel je vous conseille de vous pencher. On se retrouve donc d'ici quelques mois pour une troisième saison(probablement pas avant décembre minimum au vu du peu de temps que j'aurai). En attendant on se retrouve pour les articles classiques dès demain. Bonne fin de week-end à tous.

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