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Un conte
On se retrouve ce samedi pour rattraper l'absence d'hier avec un autre court-métrage, cette fois-ci d'excellente facture : Un conte.
Nom Original : Un conte
Réalisateur : Guillaume Arantès
Année de sortie : 2013
Genre : Drame
Studio : Les Gobelins
Durée : 2min25
Réalisé par Guillaume Arantès, jeune talent des Gobelins, Un conte est un court-métrage aux apparences fantastiques qui traite pourtant d'un thème malheureusement très réel que l'on verra un peu plus bas(je préviens de suite que le film sera entièrement spoilé). Visuellement magnifique, Un conte est une oeuvre artistiquement incroyable qui a le mérite de nous en mettre plein la vue et les oreilles grâce à un style d'animation splendide et ambitieux et une bande-originale brillante et en parfaite adéquation avec le thème. A ce niveau là ne craignez rien, le film est un chef-d'oeuvre du court-métrage, littéralement. Mais ce qui fait principalement sa force et son intérêt, c'est son message que nous allons voir maintenant.
L'histoire débute dans ce qui semble être une rue tout ce qu'il y a de plus banale. Mais alors qu'un cri de femme retenti, un chevalier sort de nulle part sur son fier destrier et se précipite vers l'immeuble où semble se dérouler le drame. Arrivé en haut des marches, il aperçoit un terrible en monstre en train de malmener une femme. Bien décidé à stopper l'agression, il entame le combat contre la bête malgré un désavantage de force évident. Bon je m'arrête ici un petit moment et je prends le temps de vous signaler que nous entrons en zone spoiler. Si vous voulez d'abord voir le court-métrage, vous le trouverez sur Youtube ou Vimeo. Quoiqu'il en soit si vous êtes toujours là c'est que l'avez déjà vu ou que ça ne vous dérange pas d'être spoilés, soyez prévenus.
Sans trop de surprise, le chevalier est totalement dominé par le monstre qui le plaque au mur et commence à l'étrangler. Malgré des efforts considérables, le valeureux guerrier ne peut se défaire de l'emprise de son adversaire et succombe, sous les yeux impuissants de la gente dame. Et c'est là que la réalité reprend sa place pour nous afficher ce qui s'est réellement passé et surtout, pourquoi l'heroic-fantasy et la vie réelle sont mélangés. Le monstre se trouve en réalité être un père de famille, la demoiselle en détresse est quant à elle la mère et le chevalier n'est autre que l'enfant du couple. L'homme bat sa femme, probablement pas pour la première fois. Voulant protéger sa mère, l'enfant(qui ne doit pas avoir plus de dix ans, d'où la vision de chevalier et de fiction) tente d'arrêter son géniteur. Mais fou de rage, ce dernier décharge sa colère sur lui et le tue par strangulation. A la toute fin, l'homme prend conscience de son acte, totalement ahuri, alors que la femme pleure sur le corps de son enfant. De l'extérieur de l'immeuble, rien ne semble avoir bougé, symbole notamment de l'inaction des autres à l'égard d'une famille sous la coupe d'un tyran. Le film se termine par un message : "Pour papa et maman".
J'ai trouvé ça incroyable ! Dès la première scène c'est déjà très prenant. L'aspect visuel est magnifique, la bande-son est d'une très grande qualité et le mélange fantasy/monde réel intrigue suffisamment pour donner envie de continuer aux plus réfractaires. Ensuite vient la scène d'affrontement. Très bien mise en scène et d'une grande intensité, elle met doucement le spectateur mal à l'aise, comme si elle prévenait que les apparences sont trompeuses. Au passage, on ne peut qu'être émerveillé par l'animation très réussie qui achève de placer Un conte parmi les plus beaux courts-métrages français, probablement même mondiaux. Enfin lors de la révélation finale, on est extatique, figé devant son écran. Si on se doutait que quelque chose clochait, on reste extrêmement surpris malgré tout. Puis vient le pire drame du film, le sentiment de solitude du dernier plan, qui montre l'absence totale de solidarité mais aussi le fait que le monde, dans son infinie cruauté, continue de tourner comme si rien ne s'était passé. Traitant d'un thème sombre et difficile, Un conte s'en sort parfaitement et parvient à faire ce que peu de monde pourrait faire. J'ai adoré et il s'agit pour l'heure de mon court-métrage préféré, toutes catégories et pays confondus. Cependant il y a un petit bémol, un tout petit, sur le message final : "Pour papa et maman". Sur un forum, j'ai vu que les gens ne comprenaient pas son sens. De quoi s'agit-il ? D'un dessin fait par l'enfant pour ses parents, ce qui rend encore plus dure la fin du film ? Je n'ai pas de réponse et à vrai dire je ne sais pas s'il y en a une. Sur le site en question, certains pensaient qu'il s'agissait d'un message réel du réalisateur à ses propres parents, pour les remercier de ne pas avoir été comme ce couple. Là je n'y crois pas trop mais après tout, pourquoi pas...Enfin bref, Un conte est un court-métrage d'une grande qualité qui prouve incontestablement le talent des petits des Gobelins.
Tags : Un conte, court-métrage, Les Gobelins, Guillaume Arantès
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