• Aujourd'hui nous allons mettre en valeur quelqu'un de trop peu connu, l'excellent partenaire d'Hideaki Anno : le brillant Kazuya Tsurumaki.

    Kazuya Tsurumaki

    Affiliation : Gainax

     

    Partie I : L'historique

    Présentation générale

    Kazuya Tsurumaki est un animateur et réalisateur de films d'animation japonais né le 2 février 1966 dans la ville de Gosen dans la préfecture de Niigata. Passionné d'animation et de cinéma, il a pour projet de travailler dans le milieu et ce, très tôt. Dès la fin de ses études il rejoint, d'abord à temps partiel, puis à temps plein le studio Gainax où il devient le protégé d'Hideaki Anno. Il fait notamment partie de ceux qui permettent à Anno de remonter la pente pendant la phase la plus difficile de sa vie. Animateur chez Gainax mais aussi travailleur occasionnel pour d'autres studios, il ne prend vraiment confiance en lui que quand Anno le sélectionne pour faire partie du projet Evangelion. Aujourd'hui il est un réalisateur respecté notamment grâce à son travail dans l'anime et sur la tétralogie Rebuild of Evangelion.

     

    Les débuts d'un animateur peu confiant

    Effectivement le titre porte bien son nom. Quand Tsurumaki quitte l'école pour devenir animateur, il n'a que peu confiance en lui. Il trouve toutefois du travail assez vite sur des animes et OAV variés pour différents studios. Ainsi on le voit bosser en tant qu'animateur, animateur-clé et chargé de storyboards sur Galaxy Highschool, un dessin animé destiné aux USA, F, Maison Ikkoku, Kimagure Orange Road, Kung Fu Boy, Leina, Patlabor ou encore Gunbuster qui lui permet de rencontrer Hideaki Anno et le studio Gainax. C'est donc en cette année 1988 que Tsurumaki et Anno se lient. Les deux deviennent très proches et Anno décide de prendre Kazuya Tsurumaki pour protégé afin de lui faire gravir les échelons. Jugé très talentueux, Tsurumaki n'obtient toutefois pas de place à temps plein chez Gainax, il doit alors continuer à travailler un peu partout durant l'année 1989. Ce n'est qu'en 1990 que sa carrière va réellement se lancer dans le célèbre studio auteur d'Evangelion. En effet, grâce à l'intervention d'Anno, Tsurumaki devient animateur-clé sur la série Nadia, le secret de l'eau bleue. Mieux, il est directeur de l'animation sur les épisodes 31 et 39. Son talent de la mise en scène et son esprit artistique se révèlent surprenant. Le studio est très content de Tsurumaki qui prend enfin confiance en lui. La même année il continue de travailler sur des projets extérieurs à Gainax comme Gdleen ou même Patlabor.

    Les années qui viennent lui servent alors à prendre du galon et de l'expérience. Hideaki Anno veut utiliser son protégé au mieux de ses capacités mais personne n'est prêt à prendre autant de risques avec un petit jeune peu confiant. En effet Gainax commence à prendre de l'ampleur chez les otakus mais reste un studio débutant, le travail n'est pas libre et les contraintes financières sont nombreuses. De plus, les investisseurs sont frileux et hésitent à donner de l'argent pour un projet risqué. Du coup, Gainax et Tsurumaki décident ensemble de donner quelques années au jeune homme avant de le hisser à un haut poste. De 1991 à 1995, Tsurumaki va alors développer ses compétences sur de nombreux projets, chez Gainax ou ailleurs. Parmi ses projets on notera Roujin Z, Saber Marionette R, Bubblegum Crisis, Doomed Megalopolis, Fatal Fury, Gekko no Piasu, JoJo's Bizarre Adventure, Sailor Moon, Macross Plus et Macross Plus Movie Edition, Madara, Ah ! My Godess, Otaku no Video ou bien Victory Gundam pour le compte de la Sunrise. Officiant en tant qu'animateur, animateur-clé, réalisateur ou chargé de storyboards il effectue son travail avec sérieux et sa détermination est saluée partout. Lorsqu'il revient chez Gainax avec son nouveau savoir faire il impressionne. Les dirigeants décident alors qu'il est prêt, justement, Hideaki Anno a un projet pour lui, un projet en partenariat.

    Kazuya Tsurumaki

     Le phénomène Neon Genesis Evangelion : le début du succès

    Kazuya Tsurumaki est donc choisi par Anno pour devenir l'assistant du réalisateur sur Neon Genesis Evangelion, le nouveau gros projet de Gainax. Il effectuera divers jobs en fonction des besoins et réalisera plusieurs épisodes sous la houlette de son maître dont l'épisode final. Comme on le sait, Evangelion est un carton monumental et l'un des animes les plus célèbres de tous les temps. Hideaki Anno devient une star, Gainax un gros studio et Tsurumaki un animateur/réalisateur à suivre. Par la suite il est l'un des trois réalisateurs des films Death and Rebirth et The End of Evangelion avec Hideaki Anno et un nouveau partenaire : Masayuki. A ce moment-là, Tsurumaki décide de rester un agent libre afin de pouvoir travailler avec autant de studios qu'il veut, cependant il reste d'une certaine manière affilié à Gainax.

    Les années 1996 à 1998 seront plutôt chargées. Il travaille à ce moment-là près de 15 heures par jour, un rythme qu'il va rapidement freiner mais qui va tout de même l'affaiblir durant cette période. Il travaille alors sur Berserk, Cooking Master Boy, Detatoko Princess ou encore Utena, la fillette révolutionnaire. Auréolé de succès après Evangelion, il n'est malheureusement pas utilisé à sa juste valeur et ça, Gainax comme Anno le remarquent. Son maître décide alors de l'engager comme assistant réalisateur sur KareKano, la nouvelle série qu'on lui confie. Preuve de la confiance d'Anno envers Tsurumaki, quand il quitte le projet pour désaccord artistique il demande à ce que le jeune homme devienne le nouveau réalisateur. C'est accepté et Tsurumaki se charge de la seconde moitié de l'anime. Gainax décide alors de le déplacer de la section animateur/réalisateur occasionnel à la section réalisateur en lui confiant un nouvel anime : FLCL. Grâce son humour délirant, ses situations improbables et son univers atypique FLCL devient vite un anime culte et LA référence Gainax depuis Evangelion. Anno est satisfait et Tsurumaki obtient enfin la reconnaissance et le statut qu'il mérite.

     

    Une carrière lancée, un génie de plus chez Gainax

    Les années qui vont suivre vont être elles aussi couronnées de succès. Tsurumaki va travailler sur bon nombre de projets et à des postes d'importance où il peut mettre en scène et diriger une équipe comme il l'a toujours voulu. Durant le début des années 2000 on le voit sur Mahoromatic, Abenobashi, Noir, Parappa the Rapper, Overman King Gainer, Yucie et même sur un film Pokémon. Il collabore très régulièrement avec Gainax et intègre même l'équipe chargée de restructurer le studio. Hideaki Anno commence alors à se détacher de lui pour le laisser voler de ses propres ailes. Tsurumaki devient un membre de confiance de l'équipe de Gainax et accepte de moins en moins de travail d'autres studios. Toujours très discret sur sa vie privée, il prend un peu de repos pendant cette période. Il revient alors en pleine forme en 2006 sur le film Diebuster, la suite de Gunbuster, toujours chez Gainax. Puis il est animateur sur l'excellent anime Gurren Lagann en 2007. C'est à ce moment là qu'Anno le contacte afin de prendre en charge son nouveau gros projet : Rebuild of Evangelion.

    En effet le génie de Gainax aimerait retravailler le scénario de son bébé afin d'en faire une version alternative plus complète et plus claire. Ne voulant pas la réaliser afin de ne pas être restreint par les obligations de metteur en scène, Anno a décidé d'occuper le rôle de superviseur, de scénariste et de producteur afin de garder le contrôle du projet. Il pense alors à la fine équipe Kazuya Tsurumaki et Masayuki pour réaliser la tétralogie. C'est accepté et le premier film, You Are (Not) Alone sort en 2007 au Japon et deux ans après dans le reste du monde. Le film est un carton, la hype autour d'Evangelion n'étant jamais retombée. Puis vient le deuxième film en 2009. Cette fois-ci il ne s'agit pas d'un résumé du début de la série originale mais d'une oeuvre dans laquelle l'équipe doit complètement s'impliquer. Tsurumaki et Masayuki deviennent alors les vrais maîtres d'ouvrage du projet et montrent leur talent au monde entier. Les personnages sont plus développés, la mise en scène est plus dynamique mais également plus philosophique et Anno est très heureux de la tournure que prennent les événements. Le deuxième film remporte un gros succès, comme prévu. Mais pour le troisième, l'équipe rencontre des problèmes. En effet les réalisateurs se retrouvaient souvent bloqués dans leur réflexion au sujet de film, qui leur prenait tout leur temps. Tsurumaki demanda alors à se voir confier d'autres boulots pour s'aérer l'esprit. Ainsi on a pu le voir sur The Idolmaster, Star Driver ou bien Panty&Stocking. Cela fut bénéfique et le troisième film Evangelion fit 60 millions de dollars de recette, 20 de plus que le deuxième.

    Depuis plus rien. Enfin si, on a pu voir Tsurumaki bosser sur Kill La Kill en 2013 mais sinon rien de nouveau. Le quatrième et dernier film de Rebuild of Evangelion devrait arriver cette année et on nous a promis tellement de choses de qualité qu'il n'est pas étonnant de voir que l'équipe du film est à 100% dedans, sans avoir le temps ou la possibilité de faire autre chose. Toujours est-il qu'il semble que Tsurumaki se soit énormément impliqué dans le projet, plus que jamais. Du fait de son jeune âge et de ses compétences énormes en terme de comédie et de science-fiction il est fort probable que la suite de sa carrière soit captivante. Kazuya Tsurumaki est donc un de ces jeunes réalisateurs à suivre.

     

     

    Kazuya Tsurumaki

     

    Partie II : Le style

     

     Le style de Tsurumaki fut long à mettre en place. Après une carrière en tant qu'animateur convaincant mais trop peu expressif il pris, peut-être un peu trop, exemple sur Hideaki Anno. On le voit notamment sur ses premiers travaux sur Evangelion où il copie le style d'Anno. Ce n'est qu'après qu'il développe son propre univers, un univers loufoque dans lequel humour, noirceur et philosophie de la vie se retrouvent en toutes circonstances. On constate aussi qu'à la différence d'Anno, il préfère un rythme dynamique plus orienté action. Cela n'en fait pourtant pas un bourrin loin de là. Il est intelligent , pragmatique et posé et cela se ressent dans ses oeuvres. Mais il doit, à mes yeux, encore progressé pour que son style se perçoive facilement et soit reconnaissable entre mille. Peut-être encore trop d'inspiration d'Hideaki Anno...

    Par contre là où il me bluffe, c'est au niveau de ses idées scénaristiques. Eh oui, une partie des idées d'Evangelion vient de lui. Il ne s'est pas contenté de suivre les directives, il les a construites. Toute la fin d'Evangelion, décevante certes mais sacrément intense et bien écrite, est signée Tsurumaki. Il a pu rendre hommage à l'anime tout en respectant les demandes de censure de la chaîne et ça, c'est un réel exploit. Il donne également beaucoup d'idées aux scénaristes des animes sur lesquels il travaille et même s'il est difficile de savoir quelles idées émanent de lui, la qualité globale des projets est toujours impressionnante. Il y a donc peut-être un lien.

    Kazuya Tsurumaki

    Partie III : L'oeuvre

    Pour plus de clarté, je vais traiter l'ensemble de sa carrière sans la séparer en différentes catégories.

    1985 : Kimagure Orande Road : Shonen Jump Special(animateur-clé)

    1986 : Galaxy Highschool(animateur-clé)

    1986-1988 : Maison Ikkoku(animateur des épisodes 3 et 9 et animateur-clé des épisodes 88 et 92)

    1988 : F(animateur-clé sur 4 épisodes), Kung Fu Boy Chinmi(animateur-clé de l'épisode 17), Meimon!(animateur-clé de l'épisode 4), Patlabor : The Mobile Police OAV 1(animateur-clé) et Leina : Wolf Sword Legend(animateur-clé de l'OAV 3)

    1988-1989 : Gunbuster(screenplay, storyboard et animateur-clé)

    1989 : Kimagure Orange Road OAV(animateur-clé)

    1990 : Gdleen(animateur-clé), Comme les nuages comme le vent épisode spécial(animateur-clé) et Patlabor : The Mobile Police OAV 2(animateur-clé)

    1990-1991 : Nadia, le secret de l'eau bleue(directeur de l'animation des épisodes 31 et 39 et animateur-clé sur douze épisodes)

    1991 : Roujin Z(animateur-clé et en charge du layout), Bubblegum Crisis(animateur-clé de l'épisode 8), Madara(animateur-clé de l'épisode 2), Gekko no Piasu OAV(animateur-clé) et Otaku no Video(animateur-clé)

    1991-1992 : Doomed Megalopolis(animateur-clé des épisodes 1,3 et 4)

    1992 : Oz(animateur-clé de l'épisode 2)

    1992-1993 : Sailor Moon(animateur-clé sur 4 épisodes)

    1993 : Suikoden Demon Century(manager de la production artistique, assistant du réalisateur et animateur-clé), Ah! My Goddess(animateur-clé des épisodes 2 et 5) et JoJo's Bizarre Adventure(animateur-clé de l'épisode 3)

    1993-1994 : Victory Gundam(animateur-clé de 4 épisodes)

    1994 : Fatal Fury(animateur-clé) et Macross Plus(assistant du directeur de l'animation sur l'épisode 1)

    1994-1995 : Exorciste S.A.(animateur-clé de l'épisode 2)

    1995 : Saber Marionette R(storyboard, animateur-clé et réalisateur de l'épisode 2) et Macross Plus : Movie Edition(assistant du directeur de l'animation)

    1995-1996 : Neon Genesis Evangelion(storyboard sur 7 épisodes, Unit director de l'opening, réalisateur de 6 épisodes, assistant réalisateur sur les autres, directeur de l'animation de l'épisode 20 et animateur-clé sur l'ensemble de la série)

    1997 : Neon Genesis Evangelion : Death and Rebirth(réalisateur et storyboard de la partie Rebirth), Neon Genesis Evangelion : The End of Evangelion(Unit director, set-up designer et réalisateur), Utena, la fillette révolutionnaire(animateur-clé de l'épisode 37), Berserk(réalisateur de l'épisode 1), Cooking Master Boy(animateur-clé de l'épisode 27) et Detatoko Princess(animateur-clé de l'épisode 2)

    1998 : Cyberteam in Akihabara(storyboard de l'épisode 25)

    1998-1999 : KareKano(réalisateur des épisodes 12 et 19 à 26, storyboard des épisodes 4,6 et 12, directeur de l'animation de l'épisode 12, assistant réalisateur et animateur-clé de 5 épisodes)

    1998-2000 : Blue Submarine No.6(animateur-clé des épisodes 1 et 3 et storyboard de l'épisode 3)

    2000-2001 : FLCL(réalisateur, concepteur, storyboard, en charge du planning et animateur-clé(épisodes 4 et6))

    2001 : Pokémon : Célébi la voix de la forêt(animateur-clé), Noir(animateur-clé de l'épisode 26) et Parappa the Rapper(storyboard et Unit director de l'épisode 1)

    2001-2002 : Mahoromatic(storyboard et animateur-clé de plusieurs épisodes des deux séries)

    2002 : Abenobashi : Magical Shopping Street(animateur-clé de l'épisode 7) et Petite Princess Yucie(storyboard de l'épisode 6)

    2003 : Overman King Gainer(animateur-clé de l'épisode 26)

    2006 : Gunbuster vs Diebuster(réalisateur, concepteur, animateur-clé, en charge du planning et storyboard)

    2007 : Gurren Lagann(animateur-clé des épisodes 8,17 et 24 et storyboard de l'épisode 17) et Evangelion : 1.0 You Are (Not) Alone(co-réalisateur, storyboard et animateur-clé)

    2009 : Evangelion 2.0 You Can (Not) Advance(co-réalisateur, storyboard, designer et animateur-clé)

    2010 : Panty & Stocking with Gaterbelt(storyboard de l'épisode 17)

    2011 : The Idolmaster(storyboard de l'épisode 4) et Star Driver(storyboard de l'épisode 2)

    2012 : Evangelion : 3.0 You Can (Not) Redo(co-réalisateur, storyboard, designer, directeur coopération...)

    Probablement 2015 : Evangelion : 3.0 + 1.0(co-réalisateur, autres tâches possibles)

    Kazuya Tsurumaki

    Voilà donc pour aujourd'hui. J'espère avoir suffisamment développé sur ce personnage secret mais non dénué de talent qu'est Kazuya Tsurumaki car il le mérite vraiment. Sur ce je vous souhaite une bonne fin de week-end.

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  • On commence fort cette saison 2 avec aujourd'hui en vedette le grand Hideaki Anno, l'homme d'une seule oeuvre à savoir Neon Genesis Evangelion.

    Hideaki Anno

    Affiliation : Gainax

     

     

    Partie I : L'historique

     

    Présentation générale

    Hideaki Anno est un animateur et réalisateur japonais né le 22 mai 1960 à Ube dans la préfecture de Yamaguchi. Petit génie de la réalisation, il commence très tôt à inventer des histoires et à les filmer, n'hésitant pas à jouer dans ses propres oeuvres. Co-fondateur et pilier du studio Gainax il se fait connaitre dans les années 90 en réalisant l'anime Neon Genesis Evangelion, oeuvre culte parmi les oeuvres cultes, et en imposant son style dur, réaliste et critique au monde de l'animation japonaise. Jouissant de l'exceptionnelle réputation de son oeuvre, il se concentre dès lors sur son développement sous d'autres formats ce qui fait de lui l'homme d'une seule oeuvre bien qu'il ait également travaillé sur d'autres projets plus mineurs.

     

    Les premiers pas dans la réalisation

    Très peu de détails sont connus de l'enfance d'Anno mais ce que l'on en sait c'est qu'il s'est pris très tôt de passion pour la réalisation et le cinéma en général. Cela l'a poussé à réaliser ses premiers courts-métrages alors qu'il était encore étudiant, à la fin des années 70. Son premier film s'intitule Nakamu-Rider et est entièrement filmé avec une caméra 8mm qu'il possède depuis mai 1977. Loin d'être bon, le film convainc tout de même Anno de continuer et de persévérer. Il rejoint alors le département cinéma du Osaka College of Art où il rencontre celui avec qui il fondera le studio Gainax, Hiroyuki Yamaga. Les deux étudiants deviennent proches ce qui incite Anno à demander à Yamaga de jouer dans son prochain projet, un film parodique intitulé Ultraman. Yamaga joue le héros alors qu'Anno incarne Ultraman. Plutôt ridicule le film en devient cependant très comique et est apprécié par leurs camarades. L'année d'après, le duo récidive avec Ultraman Deluxe, un film de 3 minutes qui sera classé cinquième du concours de son école, un excellent résultat. C'est à ce moment là qu'Hideaki Anno prend conscience qu'il peut vraiment devenir réalisateur. Il a le talent, les idées et est bon metteur en scène. Peu après, au début des années 80 il fait partie du projet dirigé par Yamaga, un mini-film d'ouverture du festival Daicon 3. Il est animateur et designer et travaille avec ses meilleurs camarades de l'école d'Osaka. Le mini-film est un succès et le groupe entier est félicité. Mais Anno ne se repose pas sur ses lauriers, il souhaite rejoindre plusieurs studios d'animation afin d'apprendre toujours plus et pouvoir à terme réaliser les meilleurs films et animes du Japon. Il va alors travailler sur différents projets comme l'une des séries Macross, la série Urusei Yatsura(Lamu en France) ou encore Birth. Mais on ne lui confie jamais de grand rôle et cela le frustre.

    Hideaki Anno

    Fort heureusement pour lui, la chance va lui sourire. Une petite équipe d'animation est en train de travailler sur un gros projet mais n'a pas assez de personnel. Le réalisateur du film, un certain Hayao Miyazaki va contacter son ami redacteur en chef du magazine Animage, Toshio Suzuki, pour passer une annonce de recrutement. Anno va alors tout de suite saisir l'occasion et rejoindre Tokyo pour présenter des dessins à Miyazaki. Il est alors engagé pour réaliser la scène du robot géant, l'une des scènes clés de Nausicaä de la Vallée du Vent. Son travail impressionne et Anno sort du lot des jeunes prodiges. Le film sort en 1984 et est le succès qu'on connait. La même année cependant, Anno est aussi animateur sur le film Super Dimension Fortress Macross : Do You Remember Love ? de Noboru Ishiguro et Shoji Kawamori. C'est encore un succès. Cela conforte Anno dans sa volonté de fonder son propre studio et de se lancer dans des oeuvres délirantes avec ses amis. En effet avec Yamaga mais aussi Yoshiyuki Sadamoto, Takami Akai, Toshia Okada, Yasuhiro Takeda, Shinji Higuchi et Shoji Murahama, Anno a fondé en 1982 le magasin General Products afin de vendre des produits dérivés de manga et d'animes. Puis l'année suivante, ils ont ensemble réalisé la séquence d'ouverture du Daicon, pour la deuxième fois dirigée par Yamaga. Le groupe d'amis est donc soudé et souhaite travailler ensemble. Ils sont alors approchés par le studio Bandai, impressionné par leur aura et leur talent. C'est le début d'une carrière pour Hideaki Anno. Le studio Gainax est fondé.

     

    Des débuts difficiles

    Le studio Bandai souhaite confier au groupe d'amis un très gros projet au budget faramineux, Les Ailes d'Honnéamise. Le magasin General Products ferme alors ses portes du fait d'un manque de temps des employés et le travail sur le bébé de Bandai commence. Cependant l'organisation est hasardeuse et c'est sur les conseils d'Anno que Yamaga prend la tête du studio et hiérarchise ce dernier. Ce n'est qu'après un an que le studio deviendra réellement professionnel. Sur le film Hideaki Anno est l'un des directeurs de l'animation, il est également chargé du court-métrage promotionnel visant à récolter des fonds. Son travail est grandement apprécié. Le film sort alors en 1987, bien après la date de livraison prévue initialement dans le contrat avec Bandai. Malgré l'excellent travail le retard et les coûts imprévus vont augmenter le budget de 350 à 800 millions de yens, l'un des budgets les plus colossaux de l'histoire de l'animation japonaise. Malgré un succès critique le film ne peut qu'être un échec commercial. Bandai ne souhaite toutefois pas lâcher Gainax et leur propose alors de devenir un studio d'OAV comme il en existe tant. C'est accepté et le projet Gunbuster est alors lancé en 1988. Yamaga choisi alors de nommer Anno en charge du projet. C'est donc lui qui va réaliser les six OAV de 1988 à 1989. En parallèle il travaille également en dehors du studio afin de gagner en expérience. Il est animateur-clé sur Le Tombeau des Lucioles d'Isao Takahata et du Studio Ghibli mais aussi sur le film Gundam Char contre-attaque de la Sunrise et participe aux OAV Appleseed.

    Hideaki Anno

    Voyant son niveau et son expérience Yamaga lui confie un second projet à savoir Nadia, le secret de l'eau bleue qu'il réalise avec Shinji Higuchi comme assistant. La série dure de 1990 à 1991 et est un carton dans les foyers. Mais peu après tout dégringole. Du fait d'un trouble borderline(un trouble de la personnalité caractérisé par une impulsivité majeure et une instabilité émotionnelle) Anno sombre dans la dépression et fait plusieurs tentatives de suicide. Il prend alors une longue pause et quitte provisoirement le milieu de l'animation. En même temps Gainax, qui vient d'acquérir une grosse réputation avec Nadia, subit ses premières pertes humaines puisque plusieurs des fondateurs partent fonder un nouveau studio. La situation est tendue pour tout le monde. Fort heureusement les proches et amis d'Anno réussissent à le sortir de la déprime. Il revient alors en 1993 avec en tête un projet de réalisation très personnel, l'oeuvre de toute une vie qui, si elle fonctionne, devrait assurer le succès du studio pour les vingts années à venir. De1995 à 1996 est diffusé sur les écrans nippons Neon Genesis Evangelion qu'il réalise avec à ses côtés son élève Kazuya Tsurumaki. Si la fin laisse perplexe(beaucoup de rumeurs courent sur les raisons qui ont mené à cette fin) l'anime est un succès colossal et rapporte plusieurs centaines de millions. C'est incontestable, Gainax est l'un des piliers de la science-fiction moderne. Hideaki Anno est désormais considéré comme l'un des plus gros noms de l'animation.

     

    Une carrière marquée par Evangelion

    A partir de cette période l'homme ne s'arrête plus de travailler. Evangelion est son bébé, son rêve et il ne s'arrêtera pas avant d'en être totalement satisfait. La fin bâclée lui laisse l'occasion de revenir en 1997 et 1998 avec deux films Evangelion censés éclaircir l'anime : Death and Rebirth et The End of Evangelion. Deux nouveaux succès à son actif et toujours plus d'argent grâce à Evangelion. Anno et Tsurumaki forment alors une paire indissociable d'Evangelion. Mais Gainax veut voir le réalisateur de génie ailleurs et lui confie la réalisation de la série KareKano(Elle&Lui). Seulement, après treize épisodes et un différend artistique il quitte le projet et confie la suite de la série à Tsurumaki. Anno retourne alors à son premier amour : le cinéma. Avec Love and Pop il réalise son premier film live et parle de la prostitution des adolescentes au Japon. Même si le succès n'est pas aussi monstrueux qu'Evangelion, le projet est plutôt bien reçu et Anno est content de lui.

    Ses problèmes avec Gainax résolus, il va ensuite travailler sur nombre de projets du studio comme Mahoromatic en 2001, Abenobashi et FLCL en 2002 et Diebuster à partir de 2004. Sur son temps libre il réalise également Shiki-jitsu, un second film live où un réalisateur et une femme perturbée se livrent à d'étranges rituels. Tout comme Love and Pop, il est produit par le Studio Kajino, une filiale de Ghibli et de la Tokuma Shoten et remporte un bon succès. Mais malgré sa nouvelle stature de réalisateur Anno ne peut se défaire de l'image "Evangelion" qui pèse sur lui. Il sait qu'il ne peut plus quitter le monde de l'animation et retourne alors réaliser pour Gainax. En 2004 on lui confie le film Cutie Honey, adaptation filmique du manga de Go Nagai. La même année il se charge des trois OAV Re : Cutie Honey. Le succès est au rendez-vous mais le réalisateur n'est pas satisfait. Pendant quelques mois il va errer à la recherche d'un bon projet. Ce n'est qu'après avoir discuté avec Kazuya Tsurumaki qu'Hideaki Anno va se décider à reprendre en main son anime culte : Neon Genesis Evangelion. Toujours adulé et sujet de conversation favoris des otakus, l'anime ne demande qu'à revenir en force. Fort heureusement Anno avait toujours énormément d'idées concernant l'histoire de Shinji Ikari, Rey Ayanami et Asuka Langley. Il ne fut donc pas difficile d'écrire à nouveau.

    Hideaki Anno

    Un retour aux sources phénoménale

    C'est en 2007 que Rebuild of Evangelion débute avec le premier film You Are(Not) Alone. Tétralogie reprenant l'univers d'Evangelion de manière plus dure et plus empirique Rebuild of Evangelion fut longtemps attendu. A la surprise générale Anno ne réalise pas mais se contente de scénariser et de superviser. Masayuki et Kazuya Tsurumaki se chargent alors de la mise en scène. Les films sortent respectivement en 2007, 2009, 2012 et le prochain est attendu cette année. Le succès est plus important que jamais et remet Hideaki Anno sur le devant de la scène. Cependant l'écriture du scénario lui prend tout son temps et rend difficile tout autre travail dans le milieu. Parmi ses seuls faits d'armes de ces dernières années on note toutefois la production d'un film documentaire, Kantoku shikkaku, la réalisation de storyboards pour Space Battleship Yamato 2199 ou encore un rôle de comédien de doublage dans Le Vent se lève d'Hayao Miyazaki où il double le héros, Jirô Horikoshi.

    La suite de la carrière d'Anno est donc plus tranquille mais à l'âge de 55 ans et avec une réputation très solide, rien ne presse. Il faut aussi prendre en compte le fait qu'il lutte toujours contre son trouble borderline et qu'il a désormais une vie de famille puisqu'il est marié à la mangaka Moyoko Anno, auteure entre autres de Chocola et Vanilla. Toujours est-il qu'Hideaki Anno est l'un des plus grands réalisateurs de science-fiction et le plus grand représentant de la communauté des otakus. Une légende vivante qui mérite amplement qu'on en parle. J'attends en tout cas avec impatience le dernier film de la tétralogie Rebuild of Evangelion où il devrait exprimer tout son talent.

    Hideaki Anno

     

    Partie II : Le Style

    Au niveau du style Anno se distingue de ses pairs par une représentation très dure et très philosophique du monde qui nous entoure. Les non-dits, les métaphores et les ambigüités font partie intégrante de son répertoire d'expressions. Il aime traiter de sujets aussi dangereux que variés tels la mort, la guerre, l'homosexualité, les relations familiales, le sexe, l'inceste, la religion, la foi en l'Homme etc... Même s'il n'exprime jamais son avis, il fait toujours en sorte d'accorder un droit de parole à chaque camp et aime la confrontation d'arguments et de théories. Mais son plus grand plaisir en tant que réalisateur est de forcer le spectateur à réfléchir et interpréter par lui-même ce qu'il voit à l'écran. Ainsi il ne programme pas forcément de fin pour certaines de ses oeuvres, chacun pourra interpréter les choses à sa façon puisqu'il n'existe aucune bonne version. Tout ceci conduit à dire qu'Hideaki Anno est un homme qui aime la discussion, l'échange et le débat.

    Mais il ne faut pas non plus oublier ce qu'il est à savoir un otaku pur et dur et donc un fan d'armes destructrices, d'action non-stop, d'héroïnes à grosse poitrine, d'humour délirant et d'érotisme. Il n'est donc pas incroyable de trouver tout cela dans Gunbuster et Diebuster voire dans FLCL. On retrouve également pas mal de ces traits dans Evangelion, même si c'est plus subtil. Anno ne veut pas négliger une partie du public, par conséquent il s'arrange pour que chacun soit attiré par quelque chose. Ainsi comédie, drame, SF, horreur et action s'entremêlent pour donner les oeuvres qu'on lui connait. Partisan des oeuvres à lectures multiples il souhaite parler au plus de monde possible et pas seulement par soucis financier. Que l'on veuille voir une série dynamique sans messages moraux, un pamphlet philosophique ou une oeuvre mature et enrichissante, on peut sans soucis se tourner vers son travail. C'est tout et rien à la fois.

    Au niveau technique Anno accorde une grande importance à la technologie. Il essaye en permanence d'utiliser les meilleurs machines et techniques pour faire un produit d'une grande beauté visuelle. A ses yeux, plus c'est beau et réaliste et plus le spectateur peut rentrer aisément dans l'histoire. Petit détail rigolo c'est à lui qu'on doit le Gainax Bounce c'est à dire le superbe mouvement de seins des personnages féminins dans l'animation. Il est le premier à l'avoir réalisé à la perfection et est donc celui qui a provoqué la réputation sulfureuse du studio à la fin des années 80.

    Hideaki Anno

     

    Partie III : L'oeuvre

    Le réalisateur

    Fin des années 70 : Nakamu-Rider

    1980 : Ultraman

    1981 : Ultraman Deluxe

    1988-1989 : Gunbuster(6 OAV)

    1990-1991 : Nadia, le secret de l'eau bleue(39 épisodes)

    1995-1996 : Neon Genesis Evangelion(26 épisodes)(il est aussi animateur)

    1997 : Neon Genesis Evangelion - Death and Rebirth

    1998 : Neon Genesis Evangelion - The End of Evangelion et Love and Pop

    1998 : KareKano(seulement 13 épisodes sur 26)

    2000 : Shiki-Jitsu

    2003 : Submarine 707R(opening)

    2004 : Cutie Honey(il double également un personnage) et Re : Cutie Honey(3 OAV)

    2006 : Gunbuster vs Diebuster

     

    L'animateur

    1980 : Ultraman(petit rôle)

     1981 : Daicon III(animateur de la séquence d'ouverture)

    1982-1983 : The Super Dimension Fortress Macross(animateur-clé)

    1983 : Daicon IV(animateur de la séquence d'ouverture)

    1983-1984 : Urusei Yatsura(Lamu)(animateur-clé)

    1984 : Birth(animateur-clé), Nausicaä de la Vallée du Vent(animateur-clé) et The Super Dimension Fortress Macross : Do You Remember Love ?(animateur-clé)

    1984-1985 : Cream Lemon(hentai)(animateur-clé)

    1985 : Urusei Yatsura - Remember my Love(animateur-clé), Megazone 23(animateur-clé) et Magical Emi, the Magic Star(animateur-clé)

    1987 : Les Ailes d'Honnéamise(co-directeur de l'animation), Dangaioh(animateur) et Crystal Triangle(animateur)

    1988 : Le Tombeau des Lucioles(animateur-clé), Mobile Suit Gundam : Char contre-attaque(animateur-clé), Madox-01(animateur-clé) et Appleseed(OAV)(superviseur des scènes de robots)

    1993 : Sailor Moon : Les fleurs maléfiques(animateur-clé) et Crimson Wolf(animateur-clé)

    1994 : Mobile Fighter G Gundam(storyboard de l'opening) et Macross Plus(animateur)

    1995 : Macross Plus Movie Edition(animateur)

    1999 : Ebichu(en charge du planning)

    2001 : Mahoromatic(storyboard de l'opening)

    2002 : Abenobashi : Magical Shopping Street(storyboard de l'épisode 13), Otakus in Love(petit rôle) et Frog River(petit rôle) et FLCL(superviseur)

    2003 : The Taste of Tea(petit rôle et directeur de l'animation)

    2004 : Funky Forest(petit rôle)

    2004-2006 : Diebuster S2(superviseur, storyboard des OAV 4 et 6)

    2005-2006 : Sugar Sugar Rune(storyboards et animateur)

    2006 : Nihon Chinbontsu(petit rôle)

    2007 : Evangelion : 1.0 You Are (Not) Alone(superviseur, scénariste et producteur exécutif) et Welcome to the Quiet Room(petit rôle)

    2009 : Evangelion : 2.0 You Can (Not) Advance(superviseur, scénariste et producteur exécutif)

    2010 : Death Kappa(petit rôle)

    2011 : Kantoku shikkaku(producteur)

    2012 : Space Battleship Yamato 2199(storyboards) et Evangelion : 3.0 You Can (Not) Redo(superviseur, scénariste et producteur exécutif)

    2013 : Le Vent se lève(voix de Jirô Horikochi)

    2015 : Evangelion : 3.0 +1.0(superviseur, scénariste et producteur exécutif)

    Hideaki Anno

    Voilà qui clôt l'article de ce dimanche. J'espère que ça vous aura plu, j'ai fait mon possible. C'est sympa d'avoir pu aborder ce réalisateur génial et déluré. On se retrouve donc la semaine prochaine pour un prochain travailleur de l'animation.

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  • On se retrouve aujourd'hui pour le dernier travailleur de l'animation de cette "saison 1" à savoir le fameux Satoshi Kon, l'un des plus grands génies de notre époque.

    Satoshi Kon

    Affiliation : Madhouse Production

     

    Partie I : L'historique

     

    Présentation générale

    Satoshi Kon était un réalisateur de films d'animation et mangaka japonais très réputé. Né le 12 octobre 1963 à Kushiro dans la préfecture d'Hokkaido il s'est éteint le 24 août 2010 des suites d'un cancer du pancréas à l'âge de 46 ans. Ami et élève de Katsuhiro Otomo, il est célèbre pour sa vision de l'humain et son amour pour la psychologie que l'on retrouve dans chacun de ses films. Il est révélé au grand public dès son premier film, Perfect Blue, qui sort en 1997. Dès lors, il figure parmi les réalisateurs préférés du public, c'est toujours le cas aujourd'hui.

     

    Enfance, jeunesse et début

    Né à Kushiro sur l'île d'Hokkaido, Satoshi déménage tôt à Sapporo avant de revenir au bercail pour ses études. Elevé dans une famille normale, sans problème mais peu argentée, il se passionne très tôt pour l'animation. Ses oeuvres favorites de l'époque sont Yamato, la série télé de Leiji Matsumoto(1974), Conan le fils du futur, d'Hayao Miyazaki(1978) et Mobile Suit Gundam de la Sunrise. Alors qu'il est au lycée Koryo, à Kushiro, il découvre également le manga Domu du légendaire Katsuhiro Otomo. C'est véritablement cette oeuvre qui le convainc de se lancer dans le milieu du manga et de l'animation. Une fois le lycée terminé, en 1982, Satoshi décide d'étudier le design visuel à l'université de Musashino, dans la banlieue de Tokyo. Déjà dessinateur régulier, il passe jusqu'à huit heures par jour sur un simple dessin. Il découvre notamment grâce à un ami le cinéma américain qui lui donne déjà plein d'idées pour ses films futurs. En parallèle il se lance aussi dans la lecture, pensant qu'un maximum de connaissances et de visions du monde ne peut que l'aider dans sa future profession, il découvre alors l'hyper fictionaliste réputé Yasutaka Tsutsui qui jouera un grand rôle dans son avenir. Une fois son premier manga achevé, Toriko, en 1985 le jeune Satoshi se décide à trouver un boulot pour financer plus facilement ses études. Mais il ne se doutait pas que son manga l'aiderait autant. En effet Toriko est publié dans le Young Magazine et remporte le prix Tetsuya Chiba d'excellence pour débutant. Il est ainsi sous les feux des projecteurs ce qui lui permet d'attirer l'attention d'une personne : Katsuhiro Otomo lui-même. Jugeant le jeune Satoshi très prometteur, Otomo le prend comme assistant sur son manga devenu culte, Akira. C'est un rêve pour Kon qui apprend plus que dans tout le reste de sa vie.

    Il termine ses études peu après, en 1987 et reste en contact avec son mentor. En 1990 il achève son deuxième manga, Kaikisen qui met du temps à trouver un éditeur. C'est finalement la Kodansha qui le publie en volume relié en 1991. Aux côtés d' Otomo, il participe également au projet World appartment horror dont il fait l'adaptation manga. Très difficile à trouver aujourd'hui, cette partie de sa carrière est malheureusement peu connue. Toujours est-il qu'Otomo est de plus en plus impressionné par son jeune compère. A tel point qu'il désire le former au métier d'animateur afin que son talent s'exprime par d'autres manières. Scénariste sur Roujin Z, Otomo lui obtient le poste de concepteur des décors. Il lui donne également des cours d'animation mais aussi de mise en scène. Enfin Otomo achève sa formation en lui présentant un nouveau mentor : Mamoru Oshii. Ce dernier engage Kon pour un petit travail sur Patlabor 2 et surtout pour réaliser avec lui un nouveau manga : Seraphim. Débuté en 1995 le manga s'achève en 1996 sur une défaite puisqu'il ne sera jamais terminé. Pour autant Kon désire aller plus loin que le manga qu'il considère comme trop statique et assez peu émotionnel. Il a un autre but, en effet depuis son travail en 1993 sur la série JoJo's Bizarre Adventure, il songe à la réalisation. De plus en plus fana de mise en scène, il hésite à tenter l'aventure. Il participe alors au projet Memories de Katsuhiro Otomo. Il est en charge de plusieurs travaux sur le segment Magnetic Rose ce qui lui permet de tester son niveau. Il va marquer ses collègues par le fait qu'il utilise pour la première fois la notion de réalité subjective qui n'était pas prévue sur le script original(il s'inspire de son expérience sur les oeuvres de Tsutsui). Le résultat est très bon ce qui le motive à se lancer.

    Satoshi Kon

    Une légende est née : l'aventure Perfect Blue

    Impatient et motivé, Kon contact plusieurs studios afin d'obtenir une chance de prouver son talent. Il est recontacté peu après par Madhouse qui aimerait le voir aux commandes d'un film adapté d'une oeuvre de Yoshikazu Takeuchi : Perfect Blue. Kon se met dès lors au travail avec l'aide des équipes de Madhouse. Passionné par la psychologie humaine, la folie mais aussi la beauté de nos émotions, il s'attaque au film sous cet angle. Perfect Blue est un thriller psychologique qui met en scène une jeune idole pop qui décide de se lancer dans la télévision et le cinéma pour réorienter sa carrière. Conseillée par un agent prêt à la prostituer pour de l'argent elle sera également poursuivie par un de ses anciens fans devenu fou après avoir appris son départ de la scène musicale. Le film sort en salles en 1997 et est un véritable carton ce qui étonne beaucoup Madhouse car Kon avait demandé à considérablement changer le scénario original pour y incorporer notamment la notion de réalité subjective. Au final, l'adaptation ne se fait que dans l'esprit de l'oeuvre, le reste est une pure création de Satoshi Kon ce qui le met immédiatement sous le feu des projecteurs. Son talent est indiscutable, sa méthode de travail est cadrée, stricte et hyper efficace. L'homme est un bourreau de travail et il réalise déjà un film culte.

    Récompensé partout où il passe, le film est comparé à Ghost in the Shell sorti deux ans plus tôt. Les deux sont intelligents, cultes et ont fait un carton monumental. Ce succès donne à Kon l'envie d'approfondir ses connaissances dans la psychologie humaine. Il se met à chercher des livres utiles lorsqu'il retombe sur les oeuvres de Yasutaka Tsutsui. Il les relit toutes et veut dès lors adapter Paprika, l'un des meilleurs romans de l'auteur, en film d'animation. Mais le projet échoue à cause d'un manque de financement. Cependant Kon avoue lui-même qu'il n'était pas prêt pour un tel projet et que cela aurait sans doute été un échec critique. Au chômage et sans trop d'idée, Kon est heureusement recontacté par le producteur de Perfect Blue qui avait beaucoup aimé la notion de réalité subjective. Il lui demande de la réutiliser sur un nouveau film, le drame Millenium Actress de Madhouse. Le film débute par la destruction de fameux studios de cinéma japonais. L'entreprise ferme et tous les journaux télé s'y intéressent, le studio ayant marqué l'histoire par ses nombreux films. A cette occasion et dans le but de faire un reportage sur le sujet, un réalisateur et son caméraman décident d'interviewer la plus fameuse actrice de ce studio, qui a arrêté sa carrière il y a longtemps pour aller vivre en montagne. Cette dernière accepte de répondre à leurs questions et leur raconte sa vie. Sauf qu'au lieu d'écouter l'histoire, les deux hommes vont la vivre, littéralement. Ils vont ainsi découvrir toute l'histoire de Chiyoko Fujiwara, une actrice qui ne demandait qu'à trouver l'amour.

    Encore une fois Kon collabore avec Sadayuki Murai pour le scénario et met en place une réalité subjective, beaucoup moins psychologique et plus dramatique. Il joue également sur le temps, la vision et le rythme de son film à tel point qu'on vit tout autant l'histoire que le réalisateur et son caméraman. Le film est un succès considérable et dépasse sans soucis Perfect Blue. Satoshi Kon est alors confirmé comme l'un des plus grands réalisateurs de l'histoire de l'animation.

    Satoshi Kon

    La success story d'un génie

    Profitant de son succès, le maître de la psychologie animée embraye sur un autre projet, celui de raconter une histoire se déroulant en pleine période de Noël. Tokyo Godfathers sort en 2003. Le film raconte l'histoire de trois SDF(un quadragénaire bourru, un travesti et une gamine fugueuse) qui trouvent un bébé dans les poubelles de Tokyo la veille de Noël. Décidant de tout faire pour le ramener à ses parents, les trois vagabonds comptent sur l'esprit de Noël pour les aider. Cette fois-ci exit la réalité subjective, le thème commençait à échapper au réalisateur. Ici c'est une comédie mais qui reste dans la psychologie humaine puisqu'elle aborde des thèmes sociaux très prononcés. La considération des SDF, l'exclusion sociale, la fuite des réalités, le refus de se conformer à la société et la tension familiale sont autant de sujets profonds qui sont abordés. Produit par Madhouse et coscénarisé par Keiko Nobumoto le film est un succès colossal. Personnellement c'est mon film préféré de Satoshi Kon, je vous le conseille grandement. 

    L'année d'après, Kon s'attaque pour la première fois à la scénarisation et la réalisation d'une série animée. Les treize épisodes de Paranoïa Agent sortent tous en 2004 et impressionnent. La série est intense, violente, schizophrène et remet au goût du jour la réalité subjective. C'est dérangeant parfois effrayant mais le génie de Kon est encore une fois reconnu(il faudrait vraiment que je m'y remette). Dès la fin de la série, Kon ne tient plus. Il recontacte Yasutaka Tsutsui et lui fait part de l'envie de réaliser un film adapté de Paprika. Les studios Madhouse sont d'accord et l'auteur accepte de rencontrer le réalisateur. Le courant passe très bien et après quelques discussions le film est lancé. Cependant comme on peut le voir dans les bonus DVD de Paprika le projet ne sera pas de tout repos. Paprika est en effet un livre extrêmement complexe qui aborde les thèmes de la psychologie, du rêve, de la technologie et du piratage. Considéré comme l'un des plus grands romans japonais, le challenge de l'adapter est en plus joint d'une pression immense. Si en plus on ajoute des problèmes techniques, un univers très compliqué à matérialiser, une participation au film Steamboy d'Otomo et la manie de Kon à tout vouloir faire on arrive à un film qui mettra plus de deux ans à être réalisé(et l'équipe est considérable).

    Satoshi Kon

    Paprika sort en 2006 et devient pour beaucoup l'oeuvre iconique de Satoshi Kon. Son adaptation de l'univers mais aussi de la psychologie du roman sorti en 1993 est tout simplement hallucinante. Tsutsui est admiratif du travail de même que Madhouse qui a trouvé en Kon sa perle. Le public national et international est très réceptif et Paprika devient sans conteste LE film de 2006. Petit détail, lui et Tsutsui doublent les personnages des barmans dans le film, une expérience enrichissante et très fun d'après eux. Faisant parti des plus gros noms de l'animation japonaise il est alors contacté par NHK pour réaliser un des segments de la série Ani-Kuri15 comme Makoto Shinkai, Mamoru Oshii, Osamu Kobayashi, Michael Arias ou encore Mahiro Maeda. Il réalise le dernier épisode de la saison 3 intitulé Ohayo. La même année il fait aussi partie des fondateurs de la JANICA, la Japan Animation Creators Association qui vise à sensibiliser sur les conditions de travail des jeunes animateurs. Kon passe le reste de l'année 2007 à s'impliquer dedans.

     

    La fin d'une vie mais pas d'une légende

    Mi 2008 le réalisateur reprend du service après avoir oeuvré en tant que consultant et réfléchit à une nouvelle idée de réalisation. C'est au début de l'année 2009 qu'il sélectionne son prochain appelé Yume Miru Kikai qui peine à démarrer. Ce projet devait viser un public plus jeune que ses autres films. Malheureusement il ne verra jamais le jour. Au début de l'année 2010 Satoshi se sent plus fatigué et éprouve quelques difficultés à travailler. Il consulte alors son médecin en mai et apprend alors qu'il souffre d'un cancer du pancréas en phase terminale, on lui donne six mois maximum. Dès lors il annule son projet et fait en sorte de préparer son départ comme il convient. Il rédige un message à l'attention de ses fans qu'il souhaite que sa femme publie sur son blog après son décès. Le 24 août 2010 sa femme annonce publiquement le décès de Satoshi Kon sur son blog. Ce dernier s'est éteint après trois mois de lutte et confie dans son message ne pas avoir voulu en parler à ses fans par honte et par volonté de ne pas les attrister. Des hommages fusent du monde entier, Hayao Miyazaki, Isao Takahata, Makoto Shinkai, Mamoru Oshii, Yasutaka Tsutsui, Katsuhiro Otomo ou encore Darren Aronofsky(Requiem for a dream, Black Swan, The Wrestler) et le personnel de Madhouse. Plusieurs récompenses posthumes sont accordées au réalisateur qui devient dès lors une des plus grandes légendes de l'animation et du cinéma mondial.

    Satoshi Kon

     

    Partie II : Le style

    Satoshi Kon était connu pour être un bourreau de travail et pour participer à chaque étape de son film, que ce soit dans la pré-production, la réalisation ou la post-production. Il décrit sa manière de travailler dans les bonus DVD de Paprika.

    Pour ses oeuvres originales, il réfléchit tout d'abord à une histoire impliquant ses thèmes favoris tels que la psychologie humaine, la réalité subjective ou encore l'humain plus généralement. Puis il voit si ses idées sont transposables en dessins. S'il travaille sur une adaptation il ne cherche pas à rendre un travail fidèle dans la forme mais seulement dans l'esprit. Pour le reste il s'en éloigne très fortement afin de naviguer en eaux libres.

    Après il commence à imaginer le scénario précisément et tout seul. Puis il l'étoffe et le rend plus digeste avec l'aide d'un coscénariste souvent proche de lui. Sadayuki Murai, Seishi Minakami et Keiko Nobumoto ont occupés ce rôle. Il envoie ensuite l'idée au studio Madhouse, son principal allié dans le métier, qui accepte ou non l'idée. Si le film est accepté, Kon démarre immédiatement par la création des personnages impliquant le chara-design mais aussi et surtout la création psychologique de ces derniers. Il n'hésite pas à prendre beaucoup de temps pour cette étape car c'est pour lui la plus importante. En général la durée de ce travail est de 8 à 10 mois mais peut être comprise entre 6 mois et un an. Ensuite, il conçoit les storyboards tout seul et uniquement tout seul. Ce travail est long mais millimétré et vraiment impressionnant. S'il a fini par délaisser le chara-design au profit de Masahi Ando il n'a par contre jamais lâché les storyboards. Ensuite démarre la production. Il insiste pour travailler aux côtés de ses collègues préférés : Nobutaka Ike aux décors, Masafumi Mima aux sons, Susumu Hirasawa à la musique, régulièrement Masahi Ando au chara-design et bien sûr ses coscénaristes. L'importance de travailler avec une équipe qui se connait est capitale pour Kon. L'équipe forme un tout, le réalisateur n'est pas plus important, seulement plus médiatisé. Dernier point important, Kon préfère travailler avec de petits budgets afin de devoir réfléchir sur une manière intelligente de faire passer les choses trop coûteuses. Seuls quelques millions de dollars sont alloués à ses projets(en général deux ou trois).

    Influencé par l'oeuvre de Katsuhiro Otomo mais aussi par quelques dessins animés, Kon est également friand de cinéma américain qui l'aide beaucoup à trouver des idées. A l'inverse, il n'a jamais été fan de cinéma traditionnel japonais. La littérature l'aide également beaucoup, Philip K.Dick et Yasutaka Tsutsui sont ses deux auteurs préférés. Enfin, l'oeuvre de sa vie Paprika est également celle qui lui a donné envie de travailler en tant que réalisateur.

    Satoshi Kon

    Partie III : L'oeuvre

    Le mangaka

    1985 : Toriko

    1986-1992 : Akira(assistant de Katsuhiro Otomo)

    1990 : Tropic of the Sea

    1990-1991 : Kaikisen(1 volume)

    1991 : World appartment horror(1 volume)

    1995-1996 : Seraphim(avec Mamoru Oshii)(1 volume, inachevé) et Opus(inachevé au bout de deux volumes)

    L'animateur

    1991 : Roujin Z de Hiroyuki Kitakubo(conception des décors) et World appartment horror de Katsuhiro Otomo(scénariste)

    1992 : Cours ! Melos de Masaaki Osumi(layout) et Patlabor 2 de Mamoru Oshii(layout)

    1993 : JoJo's Bizarre Adventure(épisode 5)(directeur d'épisode, scénariste et story-boarder)

    1995 : Memories de Katsuhiro Otomo, Tensai Okamura et Koji Morimoto(scénariste, layout et conception des décors du segment Magnetic Rose)

    1998 : Master Keaton(animateur de l'épisode 15) et Detatoko Princess(animateur)

    Le réalisateur

    1997 : Perfect Blue

    2002 : Millenium Actress

    2003 : Tokyo Godfathers

    2004 : Paranoïa Agent(13 épisodes)

    2006 : Paprika

    2007 : Ani-Kuri15 segment Ohayo

    Satoshi Kon

    J'en ai donc terminé avec les premiers réalisateurs dont je voulais vous parler. La semaine prochaine nous aurons un dernier studio d'animation avant une petite pause histoire de faire une nouvelle liste. J'espère que cet article vous aura plu et motivé à vous renseigner sur Satoshi Kon.

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  • Après Hayao Miyazaki, Isao Takahata et Makoto Shinkai je ne pouvais pas oublier un autre de mes cinq réalisateurs préférés(le dernier arrive la semaine prochaine) : Mamoru Hosoda.

    Mamoru Hosoda

    Affiliation : TôEI, Madhouse, Studio Chizu

     

     

    Partie I : L'historique

     

    Présentation générale

    Mamoru Hosoda est un animateur et réalisateur de films d'animation japonais né le 19 septembre 1967 à Kamiichi dans la préfecture de Toyama. Grand fan d'animation depuis son enfance, il se lance dans le métier après ses études d'arts. Il débute sa carrière au sein de la TôEI avant de la quitter en 2005 pour se rapprocher de Madhouse Production, c'est à ce moment qu'il explosera. En 2011, il fonde son propre studio, Chizu, pour pouvoir exercer en toute liberté. Il est aujourd'hui l'un des réalisateurs les plus respectés de notre époque aux côtés de Makoto Shinkai et Hayao Miyazaki entre autres. Son oeuvre la plus connue est Summer Wars qui lui a fait obtenir une immense popularité. Pour beaucoup, il est le numéro 2 de l'animation japonaise derrière Makoto Shinkai, Miyazaki étant à la retraite.

     

    Enfance, jeunesse et débuts

    Mamoru Hosoda nait donc en 1967 dans un bourg situé dans le district de Nakaniikawa dans la préfecture de Toyama. Il parle très peu de son enfance mais il la dépeint comme normale et bercée très tôt par l'animation et l'art en général. C'est donc en toute logique qu'il s'inscrit à l'université des Arts de Kanazawa section peinture à l'huile. C'est durant ses études qu'il tente une première intégration dans le milieu de l'animation. En effet, grand fan de Ghibli, il décide de passer les examens de sélection afin de rejoindre son plus grand modèle : Hayao Miyazaki. A ce moment là le studio vient de terminer Kiki la petite sorcière(1989) et commence à développer ce qui deviendra Souvenirs goutte à goutte(1991). Jugé talentueux, il arrive jusqu'à la dernière sélection mais n'est finalement pas engagé. Un peu découragé mais pas démotivé, Hosoda termine ses études et s'oriente alors vers un studio qui recrute, la TôEI renommée TôEI Animation. Il la rejoint en 1991 en tant qu'animateur et travaille sur pas mal de gros projets comme Dragon Ball Z, Slam Dunk, Yu Yu Hakusho ou Sailor Moon. Il signe également de nombreux storyboards et cherche à développer son niveau de mise en scène afin d'être prêt pour son but ultime : devenir réalisateur. Quoiqu'il en soit Mamoru Hosoda est lancé, sa carrière ne fait que commencer mais il impressionne déjà par sa motivation et son sérieux.

     

    Les débuts en tant que réalisateur : des adaptations à succès

    Après six ans au sein du studio TôEI, Hosoda décide qu'il est prêt pour tenter sa chance. Il passe alors l'examen pour devenir réalisateur au sein de la TôEI, examen qu'il réussit avec brio. Il peut alors développer son talent de metteur en scène aux côtés de ses senpais bien que ses bases, acquises en autodidacte, soit déjà excellentes. Apprécié et jugé très motivé, Hosoda se voit confier son premier projet de réalisation par ses employeurs : le court-métrage Digimon - film 1, scénarisé par Reiko Koshida. Ce dernier sort en 1999 et plait suffisamment aux fans pour qu'Hosoda soit confirmé dans son rôle. En 2000 il réalise le second court-métrage de la série, remportant l'adhésion du public. Par la suite, il est chargé des relations entre le studio et plusieurs agences de pub. Il réalise ainsi plusieurs pubs animées notamment une pour Louis Vuitton dans laquelle il fait apparaître un univers cybernétique mêlant virtuel et vie sociale qu'il surnomme lui-même Oz. En parallèle il est approché par le studio Ghibli, impressionné par son travail, pour réaliser Le Château Ambulant. Mais le projet n'aboutit pas suite à plusieurs divergences d'opinion et circonstances exceptionnelles.

    Mamoru Hosoda

    La carrière d'Hosoda avance donc doucement mais sûrement. Toutefois l'homme aimerait avoir plus de libertés et plus de gros projets. La TôEI va tenter de le contenter en lui confiant la réalisation du sixième film adapté de la série One Piece : Le Baron Omatsuri et l'île aux secrets. Le film sort en 2005 et plait beaucoup aux fans du manga d'Eiichiro Oda cependant le jeune réalisateur souhaite tout de même tourner la page afin de vivre de nouvelles aventures. Il quitte la TôEI en bons termes en 2006. Désormais il souhaite faire des films d'animation et non des films d'animes. Il devient alors free-lance mais entame tout de même un rapprochement avec l'excellent studio Madhouse, crée en 1972.

     

    La naissance d'un immense réalisateur

    Hosoda souhaite lancer son propre projet. Toutefois il est assommé par le nombre de possibilités qui s'offre à lui, habitué aux directives. Il relit alors, par un pur hasard, une nouvelle de Yasutaka Tsutsui(l'auteur de Paprika) : La Traversée du temps. Déjà adaptée moult fois, la nouvelle frappe le réalisateur qui imagine non pas une adaptation mais une suite directe. Tsutsui, qui revient sur le devant de la scène grâce au film Paprika de Satoshi Kon, accepte de laisser Hosoda travailler sur son oeuvre. Avec l'aide du studio Madhouse, Hosoda se met sur le projet pratiquement jour et nuit. La Traversée du Temps sort en juillet 2006 au Japon et est un véritable carton. Il remporte notamment le prix Mainichi du meilleur film d'animation en 2007 ainsi que la mention spéciale au FIFA d'Annecy. En quelques mois, le premier chef-d'oeuvre d'Hosoda a fait le tour du monde. Le réalisateur est connu du monde entier et à le regard de millions de fans d'animation posé sur lui. C'est à partir de cette époque qu'il commence son second gros projet, mais sans vraiment le savoir.

    Mamoru Hosoda

    En effet il aimerait parler d'un sujet qui lui tient à coeur, les qualités mais aussi les dangers de l'informatisation et d'Internet. Il repense alors à sa création pour la pub Louis Vuitton, le monde cybernétique qu'il a surnommé Oz. Immense synthèse entre réseau social et site d'achats, il regroupe toute la planète et permet de tout faire dessus. Le réalisateur soumet l'idée à la direction de Madhouse qui trouve son projet captivant. Summer Wars est donc lancé. Le film sort le 1er août 2009 dans les salles japonaises et devient dès lors une icône du cinéma d'animation. Summer Wars remporte un succès colossal et devient l'oeuvre de toute une vie pour Hosoda. Personnellement je ne saurais que trop vous conseiller de visionner ce film qui est toujours à l'heure actuelle mon film d'animation préféré et mon film préféré tout court. Mamoru Hosoda termine l'année en scénarisant les nombreux mangas adaptés de l'univers de Summer Wars. Il prend ensuite une période de repos pour fêter son succès mais promet de revenir bien vite.

    Mamoru Hosoda

     

    Un nouveau génie de l'animation sur le marché

    Mamoru Hosoda fait son retour début 2010 avec deux nouveaux projets en tête. Le premier - lancer son nouveau film - le second - créer son propre studio. Après avoir fait les démarches nécessaires il quitte Madhouse en 2011 et fonde le Studio Chizu qui devient sa nouvelle maison. Il recrute alors une petite équipe mais continue à entretenir des liens avec des producteurs venus d'ailleurs pour économiser. Une fois son bébé né il se concentre sur son nouveau film : Les Enfants loups, Ame et Yuki. Le film aborde l'amour maternel et montre ce qu'une mère peut faire pour ses enfants. En effet, Hana, l'héroïne, est une jeune étudiante qui tombe amoureuse d'un des rares hommes-loups restant au Japon. A la suite de leur idylle, elle met au monde deux enfants tous les deux capables de se transformer en loup. Mais quand son mari meurt à cause de son instinct de loup, Hana décide de quitter la ville pour protéger le secret de ses enfants qui se font de plus en plus turbulents. Elle arrive alors dans une petite bourgade de campagne et achète une vieille maison en ruine isolée du reste du monde. Surmontant les difficultés, elle fera tout pour que ses enfants puissent vivre en sécurité.

    Avec ce film, Hosoda touche le monde entier et plus seulement un public fan d'animation ou même un public d'un certain âge. Le film sort en juillet 2012 au Japon et seulement un mois après en France. Encore une fois c'est un succès. Beau à en pleurer, Les Enfants loups remporte un succès considérable et de nombreuses nominations et récompenses, notamment à l'international ou Hosoda fait un vrai carton. Hosoda finira l'année à parfaire son studio et à recruter de nouveaux membres. Pour la suite, on sait qu'il a obtenu le soutien de Nippon TV pour un nouveau film prévu pour le 11 juillet 2015 : The Boy and the Beast qui parlera d'une amitié entre un enfant séparé de ses parents et un démon. Nous n'avons donc plus qu'à attendre mais nul doute que le travail sera à la hauteur de nos espérances. La carrière d'Hosoda est impressionnante tout comme son talent et nous pouvons nous attendre à le voir figurer parmi les légendes d'ici quelques années. Un sérieux concurrent à Makoto Shinkai.

    Mamoru Hosoda

     

    Partie II : Le style

    Le style d'Hosoda se caractérise surtout sur le plan visuel puisqu'il aime traiter tous les sujets et considère que n'importe quelle histoire peut être correctement adaptée en film. On reconnait sa pâte à ses personnages fins, pas excessivement détaillés et superbement colorés à l'aide des dernières technologies. Il est également connu pour élaborer des univers riches et complexes comme en témoigne Oz dans le film Summer Wars. Toujours au niveau des personnages, il accorde une importance fondamentale aux émotions qu'ils véhiculent. Peu importe que les personnages soient développés à partir du moment où ce que le réalisateur veut transmettre est transmis. Il fait donc avec des personnages simples mais terriblement efficaces qui permettent à chaque spectateur de s'immerger non pas seulement dans l'histoire mais aussi dans la vie de ces derniers. Qui n'a pas rêver de voyager dans le temps ? Qui n'utilise pas la technologie parfois excessivement ? Qui n'est pas touché par les sacrifices que font les mères pour leurs enfants ? Ces sujets touchent tout le monde mais ne sont pas pour autant simples d'accès et d'utilisation. Hosoda se plait à faire un mélange de simple et de compliqué dans chacune de ses oeuvres mais l'essentiel est que le spectateur vive l'histoire et ne la regarde pas seulement. Son travail se concentre donc sur une mise en scène émotionnelle forte et sur une simplicité touchante.

    Il est encore bien compliqué de lui définir un style propre puisque sa carrière est encore toute jeune mais voilà ce qu'on en sait. J'attends en tout cas avec impatience son prochain film pour voir si ce dernier a encore été chercher dans un autre registre. Petit détail sympathique pour finir, Mamoru Hosoda est surnommé "le réalisateur de l'été" puisque la majeure partie de ses films sortent à cette période.

    Mamoru Hosoda

     

    Partie III : L'oeuvre

    L'animateur

    1991-1992 : Magical Taruruto-kun(intervalliste)

    1993 : Crying Freeman(animateur-clé de l'épisode 5), Kamen Rider SD(animateur-clé), Coo(assistant à la direction d'animation), DBZ(animateur-clé de l'épisode 173) et DBZ : Broly le Super Guerrier(animateur-clé)

    1994 : Yu Yu Hakusho, film 1(animateur-clé) et DBZ : Le Retour de Broly(animateur-clé)

    1994-1995 : Slam Dunk(animateur-clé des épisodes 28 et 70)

    1995 : Gokinjo, une vie de quartier(animateur-clé des épisodes 1 et 7)

    1995-1996 : Juni Senshi Bakuretsu Eto Ranger(réalisateur des épisodes 27,33 et 37)

    1996 : Sailor Moon(animateur-clé de l'épisode 173) et Gegege no Kitaro, film 1(animateur-clé)

    1996-1997 : Kenshin le vagabond(réalisateur des épisodes 8,18,24,29,40 et 43)

    1997 : Utena, la fillette révolutionnaire(scénariste de l'épisode 29, storyboard des épisodes 7,14,20,23,29,33,39 et animateur-clé des épisodes 7,18 et 23), Gegege no Kitaro(storyboard des épisodes 94,105 et 113)

    1998 : Galaxy Express 999 : Eternal Fantasy(animateur-clé) et Caroline(storyboard des épisodes 6,14,20 et 30)

    1999 : Tenshi ni Narumon(storyboard des épisodes 20 et 22) et Digimon Adventure(storyboard et réalisation de l'épisode 21)

    2002 : Magical DoRéMi(storyboard des épisodes 40 et 49)

    2003 : Nadja(storyboard des épisodes 5,12 et 26)

    2004 : One Piece(storyboard et réalisation de l'épisode 199)

    Le réalisateur

    1999 : Digimon - film 1(court-métrage)

    2000 : Digimon - film 2(court-métrage)

    2003 : Superflat monogram(pub pour Louis Vuitton)

    2005 : One Piece : La Baron Omatsuri et l'île secrète

    2006 : La Traversée du Temps

    2009 : Summer Wars

    2012 : Les Enfants Loups, Ame et Yuki

    2015 : The Boy and the Beast

     

    Il est également scénariste des mangas Summer Wars et réalisateur d'openings et d'endings d'animes comme Samurai Champloo.

    Mamoru Hosoda

    C'est tout pour aujourd'hui, j'espère que le résultat sera convaincant. J'en profite pour vous prévenir qu'il n'y aura pas d'articles demain et après-demain du fait de ma rentrée. On se retrouve donc mercredi avec un anime mangas.

     

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  • Après les génies du Studio Ghibli voici leur plus sérieux concurrent : Makoto Shinkai.

    Makoto Shinkai

    Affiliation : CoMix Wave

     

     

    Partie I : L'historique

     

    Présentation générale

    Makoto Shinkai est un animateur et réalisateur de films d'animation japonais, également graphiste de jeux vidéo, scénariste, producteur, mangaka et seiyu(doubleur), né le 9 février 1973 à Nagano, dans la préfecture de Nagano. Ayant débuté sa carrière de réalisateur en 1997(professionnellement en 1999) il est aujourd'hui considéré comme le meilleur jeune talent du milieu et est surnommé "le nouveau Miyazaki". Il incarne également à lui seul la réussite du studio CoMix Wave. Shinkai est connu pour son talent incomparable en matière d'effets visuels et pour la beauté de ses oeuvres, qui rivalisent avec les plus grands dont le Studio Ghibli. A l'heure actuelle, il est considéré comme le meilleur réalisateur de films d'animation du monde après Hayao Miyazaki et est donc le meilleur encore en activité.

     

    Enfance et jeunesse

    Makoto nait à Nagano dans une famille plutôt banale. Il est peu bavard au sujet de son enfance mais la qualifie d'heureuse et amusante. Au collège, il est notamment très friand d'animes, de mangas et de films d'animation en tout genre. C'est également un grand lecteur de romans. C'est pendant cette période qu'il découvre celui qui deviendra son idole : Hayao Miyazaki. Plus précisément c'est en 1986 que Makoto prend conscience de la force dont sont capables les films d'animation en regardant Le Château dans le Ciel, qui est encore aujourd'hui son film préféré. Cette découverte va l'orienter vers différents clubs durant le reste de sa scolarité, tous en lien plus ou moins étroit avec l'animation et le manga. Après le lycée, il s'inscrit à l'Université Chuo(centrale) de Tokyo, dans la section littérature japonaise. Il en sort diplômé en 1994 et rejoint alors Falcom, une entreprise de jeux vidéo qui lui propose un poste de graphiste. Le jeune homme étant un passionné d'animation, son travail est fortement inspiré de ce style propre au cinéma et à la télévision. Il incorpore ainsi beaucoup d'éléments issus de ces milieux dans les séquences qu'il réalise. Il est déjà considéré comme un véritable artiste mais n'a pas encore pris son courage à deux mains pour débuter dans l'animation. Mais tout vient à point à qui sait attendre.

    Makoto Shinkai

    Les débuts du génie

    Cependant en 1997, Shinkai a enfin la possibilité d'exprimer son talent. Alors qu'il travaille toujours pour Falcom(qu'il quittera en 2001), il s'essaye à la réalisation avec Other Worlds, un court-métrage d'1min28 en noir et blanc. L'aspect visuel est impressionnant et les critiques qualifient l'oeuvre d'admirable, donnant envie d'en voir plus. C'est alors que le jeune homme est contacté par une nouvelle entreprise : CoMix Wave Inc. Cette société issue d'une alliance entre plusieurs grosses entreprises vient à peine de naître et recrute ses premiers membres. Shinkai, qui voit là une occasion inespérée de bosser dans le milieu accepte d'être testé et débute son premier projet en tant que réalisateur pro. Elle et son Chat(ou Kanojo to kanojo no neko) sort en 1999 et est un véritable succès acclamé par les critiques spécialisées. Le court-métrage de cinq minutes plait beaucoup et CoMix Wave valide le statut du réalisateur. En 2000, son oeuvre remporte le DoGA CG Animation contest, un prix très gratifiant surtout pour un débutant. Cependant malgré le succès, Shinkai hésite à quitter son emploi chez Falcom. C'est en juin 2000 qu'il a l'idée de créer une histoire parlant d'une relation à distance entre deux adolescents. Il imagine un monde de science-fiction dans lequel l'un est dans l'espace et l'autre sur Terre, les deux personnages s'envoyant des SMS. Il fait part de ses projets à certains éditeurs et studios dont Mangazoo qui désire l'aider. En 2001 le projet est lancé, celui de faire un court-métrage commercialisable. Makoto quitte Falcom et travaille pendant sept mois avec Mangazoo sur son bébé. CoMix Wave accepte de l'éditer et de le distribuer.

    En 2002 le travail est terminé. The voices of a distant star sort enfin. C'est une révélation. Le court-métrage remporte un succès monstrueux et les critiques sont toutes unanimes, c'est de l'excellent travail. Beau, profond et intelligent l'oeuvre de Shinkai est pour beaucoup le meilleur court-métrage à avoir vu le jour. C'est d'ailleurs en le regardant que beaucoup de réalisateurs actuels ont décidés d'en faire leur métier. CoMix Wave confie alors un gros projet au jeune homme, son premier long-métrage. Après un travail acharné de presque deux ans, Shinkai et son équipe, en grande partie issue de Mangazoo, achève le film. La Tour au-delà des nuages sort en 2004 et est acclamé par la critique et par les spectateurs. Le film remporte notamment plusieurs récompenses nationales d'importance. Makoto Shinkai devient alors une référence dans le milieu, son travail est même vanté par des gros noms comme Hayao Miyazaki, Isao Takahata, Madhouse, Mamoru Hosoda, Satoshi Kon et Hideaki Anno. Sa carrière est lancée.

    Makoto Shinkai

    Makoto Shinkai : la révélation du 21ème siècle

    Ce succès encourage donc en toute logique CoMix Wave à lui faire encore plus confiance. Le jeune réalisateur a depuis un moment une idée de film dans la tête et il se décide enfin à la réaliser. CoMix Wave accepte immédiatement de satisfaire toutes ses demandes. En 2007 sort ce qui, à mes yeux, est le meilleur film de Shinkai : 5cm par seconde. Le film traite, à l'instar de ses deux précédentes oeuvres, de la séparation dans le couple et de la difficulté de faire évoluer une relation amoureuse. Le film se distingue toutefois de ses concurrents par sa fin incroyablement forte et surprenante et surtout par son aspect visuel d'une beauté fantastique. Dès lors, Makoto Shinkai est considéré comme le réalisateur faisant les plus beaux films(visuellement parlant). Pour le reste de l'année 2007, Shinkai travaille sur des petits projets pour CoMix Wave notamment des publicités. Il vit plutôt bien la séparation de CoMix Wave Inc. et CoMix Wave Films puisque son statut n'est pas du tout affecté. En 2008 il voyage à Londres où il reste un bon moment pour représenter son film 5cm par seconde. En Europe aussi le film cartonne et obtient des récompenses, idem pour les USA. Makoto Shinkai devient alors LE réalisateur à suivre.

    Il fait son retour au Japon en 2009 et démarre immédiatement un projet de long-métrage qu'il espère sortir fin 2010. Cette fois-ci, il veut mélanger ses thèmes habituels à une histoire d'aventure et d'action, quelque chose de plus commun qu'il espère rendre plus original. Pendant le reste de l'année, le réalisateur est très silencieux et ne donne plus de nouvelles. Dès la moitié de l'année 2010, il révèle plusieurs éléments du scénario de son prochain film ainsi que quelques images. Le 9 novembre, il confie que son film aura du retard par rapport à ses désirs mais pour se faire pardonner, il dévoile son titre "Voyage vers Agartha" ainsi qu'un trailer. Le film sort finalement le 7 mai 2011 et est un succès critique et commercial. Toutefois cela reste une déception pour beaucoup. En effet on ne retrouve pas assez la marque du réalisateur dans son oeuvre. Le film est un peu trop lisse et son scénario est bien moins fort et convaincant que celui de La Tour au-delà des nuages et 5cm par seconde. Toutefois il remporte plusieurs récompenses pour son aspect visuel et sa musique, unanimement appréciés.

    Makoto Shinkai

    Une carrière pleine de promesses

    Un peu déçu de Voyage vers Agartha, Makoto Shinkai ne désespère pas(surtout que le film reste très bon) et entame un nouveau projet qui lui tient à coeur, un nouveau film sur un amour impossible. Le 31 mai 2013 sort Garden of Words ou Kotonoha no Niwa. Traitant d'un amour infaisable entre un lycéen rêvant de devenir fabricant de chaussures et une prof, le film remporte un succès colossal presque équivalent à celui de 5cm par seconde. Il est considéré par les fans d'animation et les critiques comme l'un des trois plus beaux films, visuellement parlant, de l'histoire du cinéma d'animation. Les fans sont heureux, ils retrouvent leur réalisateur vedette dans ce chef-d'oeuvre. A l'heure actuelle on sait peu de choses sur la carrière de Makoto Shinkai. Il continue à travailler de temps à autres pour des entreprises de jeux vidéo où il réalise des séquences d'introduction d'eroge(pour Midori notamment) mais n'a apparemment pas de projet de film en cours. Toutefois on lui fait confiance pour l'avenir, son talent est indéniable et s'il n'en a pas encore la carrière, il a largement le talent pour devenir le "nouveau Miyazaki", surnom qu'il réfute se trouvant surestimé. Mais croyez moi, il a tout pour devenir le principal concurrent du maître de l'animation.

    Makoto Shinkai

     

    Partie II : Le style

    Makoto Shinkai a tout simplement un style proche de celui de Miyazaki. Il accorde autant d'importance au scénario qu'à l'émotion ou au visuel. Pour lui, rien ne doit être laissé derrière et tout doit être parfait voire si possible, au delà de la perfection. Shinkai est un bourreau de travail qui s'implique à 100% dans chacun de ses projets, y compris lorsqu'il ne s'agit que d'une simple publicité. L'éloge qui revient le plus souvent si on excepte la qualité visuelle c'est sa maîtrise du rythme de ses films. Un rythme lent mais pourtant percutant et bluffant d'ingéniosité.

    En terme de thèmes favoris, Shinkai aime beaucoup parler d'amour, mais d'amour rendu impossible par la distance et la séparation. Que ce soit dans le couple ou dans la famille, la séparation tient une place capitale à tel point qu'elle est au centre de l'oeuvre du réalisateur. Autre thème d'importance qu'on retrouve également chez son idole : la nature. A l'instar de Miyazaki, Shinkai accorde une importance fondamentale à la nature dans son oeuvre. Même si son rôle est plus visuel que scénaristique, elle prend une place conséquente. Dernier point important, Shinkai semble apprécier la magie et la science-fiction même s'il ne les utilise pas énormément.

    Outre son analyse de l'amour à distance, Shinkai est connu pour la qualité graphique de ses films. Le chara-design, les couleurs et les jeux d'ombres obéissent à une logique de réalisme visant à rendre les films plus immersifs que n'importe quel autre. L'effet est saisissant et le résultat a en grande partie crée la légende de Makoto Shinkai. Il suffit de jeter quelques regards sur ses oeuvres pour tomber amoureux de son travail. A mes yeux, Garden of Words et 5cm par seconde sont les deux plus beaux films d'animation de l'histoire, visuellement parlant. J'ignore comment l'homme travaille précisément mais nul doute que son passé de graphiste l'aide énormément. C'est magnifique, réaliste, immersif et percutant. Shinkai est sans aucun doute l'un de mes réalisateurs préférés.

    Makoto Shinkai

     

    Partie III : Son oeuvre

     

    Dans une volonté de maîtriser de bout en bout ses oeuvres, Shinkai occupe souvent plusieurs postes sur chaque projet. Par cette technique, il permet également la réalisation d'économies assez importantes. Ainsi il n'est pas que réalisateur en règle générale, je vais donc écrire entre parenthèses ses autres fonctions :

    Courts-métrages

    1997 : Other Worlds(Animateur)

    1999 : Elle et son Chat(Kanojo to kanojo no neko)(Scénariste/Animateur/Voix du chat)

    2002 : The voices of a distant star(Scénariste/Producteur/Voix de Noboru Terao)

    2003 : Le Sourire(Egao)

    2007 : Ani*Kuri15(épisode Neko no Shukai)(Storyboard/Photographie/Background Art/Color designer)

    2012 : Plusieurs publicités

    2013 : Dareka no Manazashi

    2014 : Cross Road(Superviseur/Scénariste/Producteur)

    Moyens et longs-métrages

    2004 : La Tour au-delà des nuages(Scénariste/Storyboard/Producteur/Designer/Parolier du thème principal/Background Art)

    2007 : 5cm par seconde(Scénariste/Producteur/Directeur artistique/Storyboard/Color designer)

    2011 : Voyage vers Agartha(Scénariste/Producteur)

    2013 : Garden of Words(Scénariste/Photographie/Color Designer/Editeur)

    Mangas

    2002 : Beyond the Tower

    2004 : The voices of a distant star

    2005-??? : La Tour au-delà des nuages

    2010-2011 : 5cm par seconde

    2011 : Voyage vers Agartha

     

    Makoto Shinkai réalise également plusieurs séquences d'introduction d'eroge et a notamment écrit un roman 5cm par seconde en plus de quelques participations sur des livres divers.

    Makoto Shinkai

    Ce sera tout pour aujourd'hui, j'espère que vous avez apprécié. Makoto Shinkai est un grand réalisateur et j'ai tenu à lui rendre hommage avec cet article. Je vous conseille fortement de vous pencher sur son travail si jamais vous ne l'avez pas encore fait, chacun de ses films est un must see.

     

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